Comme vous le savez, France Télévisions obtient son chiffre d’affaires grâce à l’addition de la redevance financée par nous, des allocations ou des aides de l’Etat et principalement des revenus publicitaires. Mais ce modèle économique n’est pas une solution pérenne, et ce type de structure ne doit pas fonctionner de cette façon archaïque… Donc que faire pour agrémenter la télévision publique d’une réforme unique ?
A partir du mois de janvier prochain, il n’en sera plus rien. La télévision publique sera financée par l’opinion publique et seulement cette même opinion. Il n’y aura plus de spot, plus de publicité, donc plus de revenu publicitaire et par la même occasion nous pourrions nous dire plus de télévision publique… Une idée bien farfelue qu’a eu notre Président en décidant unilatéralement que son devoir était d’offrir à la population française la possibilité de regarder la télévision sans qu’aucun écran de publicité ne vienne la déranger… Au moins, maintenant que nous regarderons France 2, France 3, France 4, France 5, et France Ô ce ne sera pas dans le but d’offrir aux annonceurs un “temps de cerveau disponible”.
Citation de Patrick Le Lay - Ancien PDG de TF1 : “Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (…).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (…).
Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise.”
Merci, Monsieur Le Président, d’avoir compris que pour assurer la sécurité intérieur, il était de votre devoir de nous protéger et de nous laisser tranquille avec notre cerveau. Car il faut l’avouer, qu’est-ce-qu’il était sollicité sur France 2 and Co notre cerveau. C’est vrai, il était tellement chouchouté notre cerveau, que nous n’avions même plus la possibilité de nous laisser distraire par la publicité d’une lessive magique qui entrecoupée un épisode de Plus Belle La Vie où Ninon était face à un dilemme personnel du type “Mon père est-il mon père ? Et si non ? Serait-ce en fait un simple quidam qui m’a trouvé dans une ruelle de Lyon ? Maman aide moi ! Ah mince tu as disparue…”.
Grâce à vous, Monsieur Le Président, maintenant nous saurons qu’en regardant la télévision publique, notre cerveau ne sera pas qu’une simple zone de stockage de publicité. Au contraire en choisissant de regarder la télévision publique, nous serons presque comme le donateur d’une association, nous serons les parrains de Drucker, de Pujadas ou mieux de Nagui.
Mais dans la tristesse de certains choix, il y a toujours des gagnants, et quelque fois on n’y pense pas véritablement. TF1 et M6 ainsi que les chaînes de la TNT et du câble vont certainement gagner de cette décision, mais seront-ils les plus bénéficiaires de cette suppression de la publicité sur le chaînes publiques ?
Je ne pense pas, en tout cas je crois que la communication on-line va profiter de cette dernière pour croître encore plus rapidement que les années passées. Aujourd’hui, sur internet, nous parlons d’affichage, de taux de clic, de location d’espace, de taille de l’affichage, mais nous ne nous arrêtons pas véritablement à la taille des publicités. Au contraire, nous favorisons l’interaction entre l’internaute et l’annonceur, nous jouons sur de nouveaux formats, sur de nouvelles méthodes d’affichages, sur des nouvelles façons de parler avec notre cible. La télévision ne permet pas cet échange plus ou moins personnalisé, ce mass-média ressemble à un vaste océan où la publicité prend la forme d’un galet que l’on jette sans trop savoir qui toucher. C’est beau et valorisant de s’acheter un prime-time, mais c’est mieux de toucher sa cible et de transformer ce contact en une acquisition de nouveaux clients.
Le business c’est être présent partout dans l’esprit du client ou du prospect afin de l’inciter à acheter ou utiliser notre produit et/ou service, pour cela je pense qu’internet est bien plus fort que la télévision, et ce sera potentiellement ce média qui sortira vainqueur de cette Loi interdisant la publicité publique mais autorisera à outrance la location furtive des cerveaux par les chaînes privées.
Tout ce texte pour vous inciter à aller voir cette animation proposée et écrite par Yves Jeuland qui crie à l’ineptie présidentielle et décrie la suppression de la télévision publique des publicités sur les chaînes publiques.
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