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McCain : « Mon pays a toujours été plus important que mon parti ».
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Propos recueillis par Catholic Digest (1)
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Catholic Digest : Quel rôle doit jouer en politique la foi d’un candidat à l’élection présidentielle, si elle doit en jouer un ?
John McCain : Je pense que la foi joue un grand rôle dans la vie en général. Ce fut le cas pour moi bien avant que je n’entre en politique, notamment quand j’étais prisonnier de guerre dans un camp dans le Vietnam du Nord. C’est grâce à elle que je suis ici aujourd’hui.
Plus précisément, quel en a été l’impact sur votre travail au Sénat ?
Etre guidé par sa foi est très important à mes yeux. Tout comme essayer de vivre en accord avec les valeurs judéo-chrétiennes qui ont inspiré nos ancêtres et qui m’inspirent chaque jour. Nous devons les avoir à l’esprit à chaque fois que nous sommes amenés à prendre des décisions qui ont un impact concret sur les vies de nos compatriotes.
Un sondage récent indiquait que les Américains perdaient foi dans le rêve américain – défini comme mêlant optimisme, sécurité financière et propriété d’une maison – en raison, notamment, de la politique menée au cours des huit dernières années. Que ferez-vous pour redonner vie à ce rêve ?
Je veux permettre à chaque famille américaine d’obtenir un prêt sur trente ans garanti par l’agence gouvernementale pour le logement, la Federal Housing Administration, pour que ces familles puissent rembourser leurs emprunts et vivre le rêve américain. Je veux aussi réformer l’éducation dans le sens de la concurrence, y compris avec les « écoles sous contrat ». Je veux que chaque famille américaine ait le choix que nous avons eu, ma femme Cindy et moi. Nous avons envoyé certains de nos enfants dans une école catholique, car nous avions la possibilité et les moyens de le faire. Je veux que chaque Américain ait cette alternative. C’est pourquoi les écoles sous contrat et le système des bons doivent faire partie de toute réforme véritable du système éducatif.
Alors que l’économie traverse une période difficile – hausse du chômage, déficits budgétaires, etc. – quelles mesures prendriez-vous pour aider les Américains, que Barack Obama ne prendrait pas ?
D’abord, je veux donner un peu d’air aux Américains concernant
les taxes sur l’essence : ils paient 18 centimes (0,12 €) par gallon d’essence (3,78 litres) et 24 centimes (0,16 €) par gallon sur le
diesel. Je m’engage à ne pas toucher à ces impôts, alors que Barack Obama veut les
augmenter. Ensuite, j’entends m’engager en faveur du développement technologique dans le but que nous
soyons indépendants du pétrole étranger – que ce soit dans les domaines nucléaire, éolien, solaire, marémoteur ou encore dans le forage ‘offshore’. Je subventionnerai la recherche
sur le charbon propre et le développement de technologies pour cette filière. Nous sommes dans la situation présente en raison de ce que nous avons
fait pendant trente ans, et nous ne nous en sortirons donc pas dès demain. Mais je prendrai
l’engagement de garder les impôts bas et de développer le forage ‘off shore’. Le président a soutenu la levée du moratoire et les prix du pétrole ont
alors baissé, donc si nous pouvons bénéficier du gaz et du pétrole au large de nos côtes, cela aura un
effet à court terme sur le prix.
La disparité entre les riches et les pauvres ne cesse de croître. Que feriez-vous pour y remédier ?
Ce que je veux, ce n’est pas redistribuer la richesse, mais que tout le monde devienne riche. Dans ce but, je veux que les impôts restent bas. Je veux également donner à chaque Américain un crédit d’impôt de 5 000 dollars (3 424 €) pour que, partout dans le pays, il puisse avoir l’assurance santé dont il a besoin. Je veux faire la promesse aux Américains qu’avec moi, les impôts resteront bas. Nous devons aussi créer plus d’emplois et d’entreprises aux États-Unis.
Quel est, selon vous, le défi principal auquel les familles américaines doivent faire face aujourd’hui ?
Je pense que le plus grand défi est certainement l’emploi. Viennent ensuite l’immobilier, puis le prix e l’essence, qui touche le plus les Américains à plus faibles revenus. Les Américains souffrent et nous devons trouver des moyens de les aider dans cette période très difficile. Je reviens juste du Michigan, où le taux de chômage atteint 8,6 %. Là-bas, ils ont perdu les emplois manufacturiers et nous devons leur fournir la possibilité de se former à d’autres métiers afin qu’ils puissent revenir sur le marché du travail.
La Conférence des évêques catholiques américains a publié un document sur la « citoyenneté fidèle », appelant au rejet des pratiques politiques faisant la part belle « aux intérêts puissants, aux attaques partisanes et aux petites phrases ». Elle a appelé à « une forme différente d’engagement politique ». Personnellement, quelles limites vous fixez-vous dans le cadre de vos campagnes ?
Je me suis toujours engagé à mener des campagnes honorables et respectueuses. Et j’en suis fier – quel qu’ait été le résultat final, défaite ou victoire. Mon message à l’électeur américain et à tous les Américains est que je mettrai mon pays en
premier. C’est ce que j’ai fait toute ma vie. Quand j’ai refusé la possibilité offerte par les
Nord-Vietnamiens d’être libéré plus tôt, j’ai mis mon pays au-dessus de tout parce que je savais que c’était la bonne chose à faire. Cette décision fut difficile, mais mon pays a toujours été pour moi plus important que mon parti et que la
politique. Je pense que c’est ce que les Américains veulent avec force aujourd’hui.
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Les États-Unis sont un pays où les intérêts particuliers sont puissants. Mais aussi bien l’engagement catholique en faveur de la justice sociale que la Constitution américaine plaident pour le bien commun de tous. Comment votre gouvernement s’y prendra-t-il pour assurer la promotion de ce bien commun ?
Il faut supprimer les dépenses inutiles qui ont corrompu Washington. Je n’ai jamais demandé aucune de ces subventions glissées dans les lois budgétaires qui permettent aux élus de financer des projets dans leurs circonscriptions. Le sénateur Obama en a demandé pour un montant de 936 millions de dollars – soit presque 1 million de dollars pour chaque jour qu’il a passé au Sénat des États-Unis. Il est clair qu’il y a de la corruption à Washington et que le Congrès n’avance pas, ce qui se traduit par des taux d’approbation pour les deux chambres à des plus bas historiques. Je sais comment travailler avec l’autre parti et je sais comment réformer le gouvernement. Mon passé au Sénat le prouve.
Que diriez-vous à des électeurs catholiques qui hésiteraient à voter pour vous parce que vous êtes favorable à l’avortement ?
C’est vrai que je soutiens fortement le droit des femmes à décider de leur liberté de procréer. Mais que ce soit clair : je reconnais que l’avortement est une question morale. Personne n’est pour l’avortement. Je crois que nous avons besoin d’aborder les facteurs sous-jacents qui peuvent conduire une femme à prendre ces décisions déchirantes. Nous devons faire tout ce qui est possible pour réduire les grossesses involontaires et soutenir les femmes qui choisissent d’avoir un enfant. Nous devons donc nous concentrer sur les soins pré- et postnataux et nous devons rendre l’adoption beaucoup plus facile. Si nous pouvons créer une situation où les jeunes femmes et les jeunes gens agissent de manière responsable et reconnaissent le caractère sacré de la sexualité humaine, alors nous pourrons réduire de façon drastique le nombre des avortements. C’est quelque chose sur quoi j’ai l’intention de travailler avec des gens de tous horizons, quand je serai président des Etats-Unis.
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(1) http://www.catholicdigest.com/article/exclusive-interview-with-senator-john-mccain
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