Euros diversifiés: «Le succès limité d’un bon produit»
Envoyer Imprimer Newsletter 30 septembre 2008
Un contexte difficile…
Depuis leur création en juillet 2007, les contrats en euros diversifiés sont quasiment inexistants sur le marché de l’assurance vie. Ils subissent, il est vrai, une conjoncture
économique et financière très défavorable. Le marché français de l'assurance-vie est en net repli depuis le début de l’année 2008 illustré par une baisse de la collecte de 10%. En outre, la période est à une inversion de la courbe des taux c’est-à-dire que la rémunération des produits « Longs », comme l'assurance-vie, est inférieure à celle des produits « Courts », comme les SICAV monétaires ou les comptes à terme. Ainsi, le phénomène de transfert, est encouragé par des banques en quête de liquidités pour regonfler leur bilan lourdement impacté par la crise du « Subprime ».
…Pour un produit innovant et bien conçu mais assez complexe
Bien que considéré comme une véritable innovation dans le secteur de l’assurance vie, les produits en euros diversifiés sont également perçus comme des produits difficiles à gérer et à commercialiser.
Ce nouveau contrat permet, dans un même fond, une articulation entre une poche en euros classique, affectée à la provision mathématique avec garantie du capital au terme, et une poche d’actifs diversifiés affectée à la provision de diversification. Bon compromis entre performance et risque, il se présente comme une alternative aux contrats en euros, dont les rendements s’érodent avec la remontée des taux.
Les contrats en euros diversifiés fonctionnent comme des unités de compte avec une garantie au terme et, à ce titre, présentent des différences notables par rapport aux contrats en euros classiques. Les actifs, qui permettent une large diversification sur les actions, sont comptabilisés en valeur de marché et non en valeur historique, comme l’est le fond en euros. La différence entre la valeur de marché et les engagements de l’assureur correspond à la provision de diversification.
Zoom sur le fonctionnement des contrats en euros et des contrats en euros diversifiés
Le contrat en « Euro diversifié » présente deux distinctions majeures vis à vis d'un contrat en «Euro» classique (voir schémas) :
- La garantie du capital n’est pas assurée à tout moment du contrat, comme pour les contrats en « Euros », mais elle est assurée uniquement au terme du contrat Il donne lieu à la constitution d'une provision destinée à absorber les fluctuations des actifs du contrat (variation à la hausse ou la baisse de la valeur des actifs), la «provision de diversification» (PD).
- Il fait l'objet d'un cantonnement comptable de ses passifs et de ses actifs, chaque assuré détenant un nombre de parts déterminé de la provision de diversification. L’assureur garantit le nombre de part alloué à l’assuré mais pas leur valeur.
La provision de diversification permet, tout particulièrement sur des engagements de très long terme, une gestion plus diversifiée, mieux à même d'apporter à l'épargnant le rendement qu'il attend d'une épargne bloquée sur une si longue période.
Des impacts opérationnels significatifs ralentissant le développement de ce produit
Les contrats en « Euro diversifié » incarnent une nouvelle conception de la gestion et du pilotage des contrats d’assurance vie à la fois sur le plan technique et financier. Il s’agit effectivement de gérer à la fois la garantie à terme et la provision de diversification. Pour commercialiser ces contrats les assureurs doivent palier le manque de formation des commerciaux, clarifier la fiscalité et adapter le back office :
- Absence de formation : la complexité du produit nécessite une formation ad hoc et différente selon les réseaux de vente et la clientèle à laquelle il s’adresse. Celle-ci doit être dispensée aussi bien au sein des réseaux propriétaires qu’aux courtiers et conseils en gestion de patrimoine.
- Clarification de la fiscalité : dans les contrats avec clause de non rachat, les primes investies ne sont pas intégrables à l’assiette soumises à l’impôt sur la fortune. En fait, les assureurs attendent une position claire de l’administration fiscale avant de commercialiser les contrats diversifiés.
- Adaptation du back office : les contrats diversifiés ne peuvent pas être gérés à partir des systèmes informatiques classiques. L’acquisition de nouveaux logiciels permettant de connecter la gestion de passif avec la gestion d’actifs est un passage obligé. Cette rénovation est lourde en termes d’investissements
Ces impacts sont de réelles contraintes qui retardent fortement la commercialisation des contrats en « Euro diversifié ». Toutefois, et malgré la complexité de ce produit, les assureurs restent confiant dans les performances financières que peuvent apporter les « Euro diversifié » aux assureurs et aux assurés.
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