Le promu en 1.Bundesliga brûle les étapes dans le paysage du football Allemand au point d'être la belle surprise de ce début de saison. Vendredi les joueurs de la banlieue de Sinsheim (dans le Bade-Wurtemberg) ont fait le spectacle à Brême malgré la défaite. Présentation.
Quel beau championnat Allemand ! Le semaine dernière on vous parlait du du carton 5-2 du Werder Brême sur le terrain de l'Alliance Arena du Bayern Munich. Le week-end dernier, les brêmois ont repassés cinq buts à leurs adversaires de la TSG Hoffenheim, pour un match à 9 buts. Oui 5-4 entre le Werder Brême, le pensionnaire le plus assidu en C1 de ces dernières années en C1, et le petit promu Hoffenheim qui vient de l'étage inférieur... des étages inférieures. Les hommes de Thomas Schaaf ouvre le score par l'intermédiaire de Mesut Özil (qui avait déjà inscrit un doublé à Munich), se font rejoindre à 1-1 par Demba Ba (le Sénégalais formé au Havre), puis lâchent les chevaux et mènent 4-1 à la demi-heure de jeu. Les Dorfverein se reprennent en entament une folle remontée; Salihovic, Ibisevic (l'ancien éphémère parisien) sur penalty et Compper. Vous comptez bien, on est à 4-4 ! Per Mertesacker se fait expulser côté brêmois à l'heure de jeu, ça sent le sapin au Weserstadion ! Finalement, Mesut Özil s'offre un doublé et le Werder s'impose 5-4, mais toute l'Europe fait connaissance avec Hoffenheim vivifiant 6è de Bundesliga après l'avoir dominé durant les deux premières journées. La dernière que j'ai vu neuf buts en un match en Ligue 1 c'était le Saint-Étienne – Montpellier (5-4) de la saison 1999-2000.
Une croissance aux hormones.
Hoffenheim est une ville de 3 300 habitants. Cette seule phrase laisse à méditer sur les circonstances fâcheuses qui ont entraînés un tel enchainement d'évènements improbables et délirants pour voir une ville 10 fois plus petite qu'Auxerre au sommet du football germain. Lah ! Point de faille du continuum espace-temps, ni magie noir. La TSG Hoffenheim a le bonheur d'avoir dans ses anciens licenciés une des plus grosses fortunes du pays à avoir Dietmar Hopp. Car auparavant, Hoffenheim était à sa place sportivement parlant. L'ancien club de Gymnastique (puis de football à partir de 1945) végétait tout en bas des divisions régionales et c'était bien normal. Dietmar Hopp co-fonde SAP, le groupe informatique, et fait fortune. Fan de football, un brin mégalo il préfère rêver de voir son club de sa ville natale en première division que de se payer un club déjà établie plus haut à l'instar de n'importe quel Roman Abramovitch (Chelsea) ou famille royale du Qatar (Man City) venus. Il rachète le club en 1989. Le club est alors dans le groupe A de la Kreisligen ce qui constitue la huitième division. Avec de l'argent tout va plus vite et les échelons défilent sans toujours marquer les paliers de décompressions ni faire l'ascenseur : Bezirksliga, Landesliga, Verbandsliga, pour la saison 2000-2001, le club est en Regionaliga, la troisième division Allemande. Un progression de cinq divisions en onze saisons sans fusion, ni rachat de licence.
Il fallait un entraîneur pour franchir le cap.
Se déplacer à Sisheim-Hoffenheim devrait être comme un déplacement à Romorantin ou Raon l'étape en France. Une plaie et normalement une victoire au bout du compte. Le club marque le pas dans cette division qui est déjà très grande pour une ville où les vampires sont maîtres des rues la nuit et où les loups sont les gardiens de la forêt voisine. Dietmar Hopp constate le chemin accompli, mais ne rêve que de Bundesliga, de professionnalisme avant d'imaginer plus haut. Marre d'avancer d'une place en une place en Regionaliga. Le Président recrute en 2006 (et c'est là que tout change) Ralf Rangnick, l'ancien entraîneur de Ulm et Stuttgart laissé libre depuis fin 2005 par Schalke 04. Les effets se font voir d'entrée, une promotion en 2.Bundesliga. À peine le temps de prendre ses aises, les dorfverein (bouseux) mettent les sabots dans l'élite au nez et à la barbe de Kaiserslautern, Munich 1860 ou encore St.Pauli...
Des infrastructures à la traine.
À la base, le stade la ville est à son image : Ridicule ! 6 300 places, dont 3 000 débout qui porte le nom de son financier tant aimé… Dietmar Hopp Stadion. Évidemment le club, s'il veut faire de vieux os dans l'élite, doit s'équiper d'une enceinte digne de ce nom qui ne plombe pas la moyenne d'affluence du championnat. 50 millions d'euros sont mis sur la table pour un stade de 30 000 places (pas plus, ça sera déjà assez compliqué comme ça de le remplir !) pour une livraison début 2009. Le boss envisage le naming plutôt que Dietmar Hopp stadion II ! Pendant ce temps et histoire de satisfaire aux exigences de la ligue, l'équipe première évolue au Carl-Benz-Stadion de Mannheim à 50 kilomètres de la maison.
Pas d'histoire, pas de passion.
Alors bien sûr le club n'a pas un vécu européen et n'a rien gagné au niveau national, même en 2.Bundesliga, c'est Mönchengladbach qui fut titré la saison passée. Du coup, les critiques vont bons trains à la vitesse des jalousies qui ont jalonné la progression du club. De l'argent, pas de supporters pour résumer. Comment remplir un stade quand la ville fait moitié moins que la capacité de l'enceinte ? Le club est haï des clubs comme Mayence, St.Pauli, Kaiserslautern qui estiment dommage qu'un si petit club prenne la place d'un des 36 clubs pros (on joue à 18 dans les deux Bundesliga). D'autant que le marché des transferts du club peut choquer à un tel niveau. La saison dernière Carlos Eduardo (20 ans à l'époque) a signé pour le club badois pour 8 millions d'euros ce qui constitue l'enveloppe totale des transferts de plusieurs clubs de 2.Bundesliga réunis. Pour comparer Loïc Rémy a signé de Lyon à Nice pour le même montant l'été dernier.
Des jeunes et pas de stars.
L'effectif n'a pas beaucoup bougé durant l'été et la volonté d'avoir des jeunes prometteurs signés sur le long terme et des joueurs revanchards peu connus (ou pas) n'a pas disparue. En se baladant dans l'effectif personne n'attire l'oeil et l'hémisphère qui contrôle la mémoire si ce n'est Vedad Ibisevic qui est passé au PSG du temps de Vahid Halilhodzic sans laisser de souvenir. Au soir de la 6è journée de championnat, il est, avec 7 buts, meilleur buteur de Bundesliga à égalité avec Patrick Helmes (Leverkusen) l'autre révélation offensive du début de saison. Sinon Salihovic, Ba, Compper, Öscan, Nilsson, Luis Gustavo et les autres vont peu à peu être davantage médiatisés...
En ce début de championnat, cette équipe joue crânement sa chance. Elle a commencé par deux succès de suite à Cottbus (0-3) et contre M'Gladbach (1-0) avec la première place au classement en prime avant de recevoir un premier carton contre le Bayer Leverkusen (2-5). 0-0 contre Stuttgart, victoire (4-1) contre Dortmund avant la défaite (4-5) du week-end dernier à Brême. Vous notez le calendrier de dingues de leur début de saison en plus. Il ne manque que le Bayern Munich et Schalke 04 qu'ils rencontreront les 6 et 13 décembre prochains.