Viet-nam, la trahison des mÉdias

Je reviens brièvement pour vous suggérer le visionnage du documentaire de Patrick Barbéris sur le rôle des médias US pendant la guerre du Viêt-Nam et, plus particulièrement, sur l’impact qu’a eu la couverture de l’offensive du Têt sur le public américain. La diffusion est prévue ce mercredi, en début de soirée, sur Arte. Merci à Marinette de me l’avoir signalé…

N’ayant pas vu le documentaire, je ne peux prédire quel sera le traitement du réalisateur sur cette affaire. Mais il ne fait pas de doute que certaines leçons peuvent être tirées des événements et, surtout, de la façon dont ils furent rapportés dans les foyers américains avec comme résultat d’accentuer encore un peu plus l’opposition interne à l’engagement militaire dans la région.

L’offensive du Têt a été, en effet, un échec militaire catastrophique pour les Nord-Vietnamiens : si la surprise tactique fut bien au rendez-vous, aucun des objectifs fixés par Giap ne put être rempli. Non seulement l’armée régulière (la NVA), après quelques succès initiaux, se fit étrillé au point de perdre toute capacité offensive d’envergure jusqu’au début de la décennie suivante, mais une bonne partie de l’infrastructure clandestine communiste, patiemment et laborieusement mise en place au Sud, en se dévoilant au grand jour, s’offrit aux coups massifs et décisifs de la puissance de feu américaine.

Le siège de Keh Sanh, commencé un peu avant le déclenchement de l’offensive générale, ne se transforma pas en un Dien-Bien-Phu américain ; le soulèvement des masses sud-vietnamiennes, qui devait balayer l’ingérant, ne se produisit pas ; toutes les villes attaquées furent assez promptement libérées, à l’exception de Hué, où les affrontements seront particulièrement âpres pour les deux camps. Les cinéphiles se remémoreront, à ce sujet, la seconde partie de l’excellentissime « Full metal jacket », de Stanley Kubrick.

Bref, Vo Nguyen Giap, l’un des plus brillants commandants de la seconde moitié du siècle précédent, a commis ici un certain nombre d’erreurs qui, si elles lui coutèrent la victoire en 1968, semèrent paradoxalement les graines d’une victoire future.

Curieuse défaite et étrange retournement de situation, en vérité…

Mais nous n’allons pas disserter ici de tous les aspects qui menèrent finalement les troupes US à leur première défaite « nette » depuis bien longtemps. Trop de paramètres, et pas seulement médiatiques, ont joué pour qu’on puisse tous les examiner ici et maintenant.

Je vous invite néanmoins, si vous trouvez le temps, à regarder ce documentaire et à en tirer les leçons qui vous semblent les plus justes, en particulier au regard des situations conflictuelles où nous sommes plongés à ces heures.

De l’étude des conflits du passé, nous trouvons bien souvent des éléments de réponses à nos questions sur les issues possibles de ceux qui nous occupent à présent.

- Documentaire de Patrick Barbéris, mercredi 1^er octobre 2008 à 21h00, Arte.