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Paris. Les Disquaires.Samedi 27 septembre 2008. 20h30.
Matthieu Donarier : saxophones ténor et soprano
Manu Codjia : guitare électrique
Joe Quitzke : batterie
Ce concert est une répétition en public du prochain album de ce trio. Il s'agit donc d'une première mondiale.
Pour l'occasion, cette chronique sera rédigée à quatre mains, avec l'assistance d'une amie, Madame G.
Ca commence en solo au soprano en solo. Matthieu alterne les phrases lentes et vives. C'est un standard. C'est de la chanson française. C'est « Le Roi des cons » de Georges Brassens. Version suprenante mais le thème est reconnaissable. Madame G l'a reconnu aussi. Manu Codjia livre un solo froid, métallique. Le batteur, sur les tambours, ajoute de la chaleur. Le soprano s'enroule autour de la guitare dont le son léché me fait penser à Pat Metheny. Tout à coup, le planeur décolle. Matthieu ondule comme une autruche en jouant. Pour finir ils reviennent au thème avec un lyrisme exacerbé loin de la réserve de Tonton Georges.
Le deuxième morceau est joué au saxophone ténor. Dans une longue introduction, chaque musicien trace son chemin. Cela forme trois parallèles non rectilignes, un défi aux lois de la géométrie. Matthieu cherche dans les graves. C'est une musique de thriller ou de polar. Ca sonne comme une parodie note Madame G. C'était une première mondiale portant le nom d'une ville d'Irlande. Pour savoir laquelle, attendez l'album.
Duo ténor/guitare en intro. Le tempo s'accélère avec les balais sur les tambours. Ca groove. Le sax grogne, la guitare joue à la basse, le tempo est haché menu par le batteur cuisinier aux baguettes. Un solo aigu, acide, rock'n roll de Manu Codjia.
Un très joli solo de guitare entame le morceau suivant. Avec les roulements de tambour, ça sonne africain. Le sax ténor ajoute sa voix grave. C'est une deuxième version du « Roi des cons », plus funky, plus africaine que la première.
Manu tapote sa guitare, Joe tapote ses tambours, Matthieu fait claquer sa langue sur son anche. Tout cela sautille joyeusement. Et puis ça s'envole. Ces garçons sont des lyriques dans l'âme mais tout en gardant leur sérieux et la maîtrise de leur jeu.
PAUSE
Un solo de ténor mélancolique et élégant relance le débat. Guitare et batterie le rejoignent. Ca sonne comme une ballade. Puis ça devient un petit air léger, sautillant. Un fond oriental est tissé par les tambours et le souffle du saxophone. La guitare se promène là dessus, à grandes enjambées quand tout ralentit. Les cymbales grincent, la guitare fait la basse, le saxophone ténor sort le deep sound.
Démarrage très lent. Guitare et saxophone avancent à pas de chat dans le noir. Ce morceau a suscité l'ire de Madame G à qui je cède la plume. C'est emmerdant, narratif. C'est leur limite inférieure. C'est bavard, descriptif. On voit le film. Ils sont sur la pente descendante de leur style. C'est problématique pour un nouveau morceau car cela relève d'un maniérisme facile. Il est vrai qu'ils sont plus prévisibles. Ils sont trop collés à la partition pour pouvoir se lâcher. C'est un début. Attendons qu'ils le maîtrisent.
Roulements de tambour. Guitare dans l'aigu. Le sax ténor hoquète. Retour à Georges Brassens avec « Mourir pour des idées » (d'accord mais de mort lente). C'est à la fois rapide, voluptueux, lyrique, bref un enchantement.
La guitare commence seule le morceau suivant. Le sax ténor le rejoint. Ca ressemble à une ballade tout en douceur et en velours. Les joyeux pâtres mongols saluent le soleil levant souligne non sans ironie Madame G. Puis le tempo s'accélère avec les bruitages du batteur. Il y a de la surprise avec ces changements de rythme.
Démarrage rapide au sax ténor. La batterie frappe sec. La guitare est en retrait. Puis ils ralentissent, descendent dans le grave. Le sax descend, la guitare remonte, prend l'ascendant. Sax et guitare rivalisent de vocalises alors que le batteur pousse tout le monde. Le rythme change, devient plus funky. Sax et guitare grognent. Ils s'énervent, se lâchent, changent de rythme, varient les effets. Bref ils s'éclatent et le public en prend pour son argent. C'était un nouveau morceau « Le bal de l'anarchiste ».
Mathieu reprend son sax soprano pour rendre hommage à Charles Trénet, authentique révolutionnaire (paroles et musique) de la chanson française. ]« Longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues[/i] ». C'est sur ce thème qu'ils se balladent sautillant joyeusement dans l'esprit de Monsieur Trénet. La guitare devient franchement rock'n roll, le batteur vair les rythmes, le sax virevolte comme un étourneau. C'est dans son entreprise de déconstruction de la chanson française que ce trio est le meilleur. Les repères sont là, nos standards à nous, saperlipopette, sur lesquels ces trois garçons dans le vent ne cessent de nous surprendre.