Magazine Cinéma
L'Homme de Londres
(Titre VO : The Man from London)
Réalisation : Bela Tarr , Agnes Hranitzky
Avec Tilda Swinton , Miroslav Krobot , Ági Szirtes ,Janos Derzsi , Erika Bok
Un film français, hongrois, britannique, allemand ...
Synopsis
Maloin mène une vie simple et sans but, aux confins de la mer infinie; c'est à peine s'il remarque le monde qui l'entoure. Il a déjà accepté la longue et inévitable détérioration de sa vie, et son immense solitude.
Lorsqu'il devient témoin d'un meurtre, sa vie bascule et le voilà confronté au péché, à la morale, au châtiment, écartelé à la frontière de l'innocence et de la complicité. Et cet état de scepticisme l'entraîne sur le chemin de la réflexion, sur la signification de la vie et du sens de l'existence.
Le film touche à cet indestructible désir des hommes pour la vie, la liberté, le bonheur, les illusions jamais réalisées, à ces riens qui nous apportent l'énergie, pour continuer à vivre, à s'endormir, à s'éveiller, jour après jour. L'histoire de Maloin est la nôtre, celle de tous ceux qui doutent et qui peuvent encore s'interroger sur leur pâle existence.
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De longs plans séquences, une photographie alternant noirs obscurs et nuances de gris parfois tranchés d’un éclat de lumière blanche. cet éclairage particulier ôte aux objets leur contour précis, le rythme de l’image lent, très lent fascine, immobilité ou mouvement mesurés, plans séquences, ainsi de ces passagers descendant d’un ferry. De multiples angles de vues sur cette gare maritime et ferroviaire, ombres et semblant de lumière atmosphère étouffante servie par une musique étrange et lancinante. L’impression qui se dégage, celle d’être ailleurs, dans un pays ne figurant sur aucune carte.
Sentiment renforcé par les lieux, de ce poste de contrôle cylindrique et surélevé, puis plus tard la ville, toute en hauteur, misère des rues, en fait comme une immense ruelle flanquée de deux murs immenses, sur plusieurs niveaux il faut lever la tête et les yeux pour entrevoir le ciel.
Souvent dans les tons sombres, le film utilise l’opposition du noir et du blanc, et la scène où Maloin (Miroslav Krobot) dans sa chambre à coucher se dévêt pour se mettre au lit, filmé à contre jour dans une lumière aveuglante où le corps se détache en noir sur blanc, puis sa femme qui en épouse prévenante clôt les volets, le tout dans une mise en scène noir sur blanc au graphisme indéniable. le rapprochement avec l’intermède « Peurs du noir » et le dessin, le découpage presque noir sur blanc ou l’inverse de McGuire m’avait sidéré !
Sur ce fond, ces tableaux dégoulinant de gris désespoir les personnages se meuvent, le patron de bar, au naturel gémissant, puis notre personnage principal Maloin, être résigné, sa femme dépité, sa fille de la tribu des exploité. l’humanité ici présente est loin d’être glorieuse, subissant, les petites gens aux secrets et désirs enfouis cher à Simenon..Peut-être !
Restent aussi un flic anglais au regard perçant, un intermédiaire et son sale pouvoir de l’argent…
Une musique très présente( mélancolia, mélancolia !), une danse sur un air d’accordéon, avec une chaise et une boule de billard, clin d’œil au style pub anglais ou irish , peu de mots dans ce film magistral, parfois calme et mesuré mais aussi hurlant ceux d’un homme torturé par sa conscience, par sa détresse…
Voila je ne m’attardes pas sur l’histoire, c’est tout ce qui l’entoure qui respire l’étrange et le génie de ce réalisateur que ..je ne connaissais pas..je l’avoue..
On me promettait par ci par là ennui et longueur,critique aveugle ! C’est un kilucru aux yeux encore émerveillés, oh j’ai bien compté que deux plans, l’un sur une porte de remise, l’autre sur un écran noir durait prés de 60 secondes, et pourtant, nous laisser souffler, nous mettre en condition, oui rien de gratuit..Ils devaient être là.. !
Et au final je sais que je guetterais les films précédents de ce réalisateur si mon ciné-club s’avise de les programmer. Et je comptes bien glisser le nom de Béla Tarr dans la boite à idée..
Bref pour une découverte, un grand, grand film et une sacré expérience..mieux que les musées !
àVoir-àLire.Com "...Lors de sa présentation au festival de Cannes il y a plus d’un an, cette merveille a été accueillie dans une ambiance glaciale sous les sifflements et les quolibets de journalistes plein de morgue. Qu’ils se rassurent : Béla Tarr ne les aime pas non plus. Il ne travaille pas pour eux, de toute façon. Son art ne s’adresse qu’à ceux qui pensent que le cinéma est une affaire de vie ou de mort. Que ce cinéma-là doit prendre son temps pour faire pénétrer le spectateur dans une bulle de ressassement. .."
Excessif.Com "..L'homme de Londres possède plus de cinéma que la majorité - pour ne pas dire la totalité - des films actuellement à l'affiche. C'est aussi un voyage déchirant et impressionnant au coeur de l'âme humaine dans un élixir d'une beauté inouïe. Au-dessus de tout et des autres, un chef-d'oeuvre bicéphale, à la fois majestueux et pathologique..."
CritiKat.Com "..Au final, le résultat est éloquent, pire, à couper le souffle. L’Homme de Londres paraît atypique, sorti tout droit d’un monde étrange, hypnotique, où la désillusion règne en maître, tout autant que l’espérance en une vie meilleure. Si Béla Tarr dit s’être pris d’affection pour son héros, Maloin, il n’est pas le seul..."