Si le plan Paulson aura fait l'essentiel de l'actualité au cours du week-end avec un vote attendu ce jour par les membres du Congrès, le sentiment sur les banques aura passé un nouveau cran
avec une confiance dévastée sur certains marchés du crédit. Après la faillite de Washington Mutual en fin de semaine dernière, les autorités américaines ont orchestré un sauvetage préventif
de Wachovia qui a été reprise par Citigroup dont les pertes éventuelles seront prises en charge entre la banque, la FEd et le Trésor US.
*****La crise s'est également et surtout transmise à l'Europe, dans un climat de réunions de crise, de plans de renflouement et de sauvetage au
coeur même du continent avec les plus hautes autorités, banques centrales comprises :
Benelux :
- Fortis aura vu l'intervention des gouvernements luxembourgeois, belges et hollandais à hauteur de 11,2 milliards € pour nationaliser partiellement le groupe bancaire, qui compte parmi les 25
plus grandes banques au monde, les états prenant 49 % des parts pour maintenir la confiance des épargnants. Après un départ dans le vert, le titre termine en baisse de - 23,71 %. La bourse
d'Amsterdam décroche de - 8,75 %.
- Des rumeurs d'augmentation de capital de la banque franco-belge Dexia dans la nuit de dimanche a lundi ont précipité le cours de l'action à 7,20 € en chute de - 28,50 % emmenant le BEL20 à
Bruxelles en baisse de - 7,98 % et alourdissant le score du CAC 40. Un conseil d'administration extraordinaire est en cours depuis 18 heures.
Allemagne :
Le gouvernement allemand et un groupe de banques ont dû voler au secours de Hypo Real Estate bank, coté au sein du DAX 30, active dans l'immobilier commercial et qui reçoit une aide de 35
Mds € en terme de lignes de crédit dont 26,6 Mds € sont garanties par l'état allemand. Si la difficulté à boucler le financement d'Abn Amro rend la tâche difficile à Fortis, cette banque
allemande est confrontée à des difficultés de sa fililale irlandaise engluée dans le subprime depuis des mois. L'action perd - 73,91 %. Commerzbank perd - 24,01 % et Deutsche Bank - 7,74 %.
Royaume-Uni :
Bradford & Bingley a été nationalisée après Northern Rock en 2007. Le réseau d'agence est repris par l'espagnol Santander via sa filiale Abbey déjà repreneur à la hâte d'Alliance &
Leicester un peu plut tôt. L'état anglais va garantir les crédits immobiliers.
En Islande, la 3 ème banque du pays a du être secourue par le gouvernement dont la situation économique et financière du pays entier donne déjà des sueurs froides aux investisseurs depuis
des mois (L'Islande au bord de la faillite ?)
Une réunion d'urgence aura lieu autour de Nicolas Sarkosy demain dans la matinée avec le premier ministre, des
ministres, les principaux banquiers, des assureurs et la Banque de France.
L'Euro perd - 1,50 % à 1,44 $. La plupart des matières premières connaissent de franches baisses également à l'image du pétrole qui retombe à 98 $ le baril en baisse de - 8 %. L'once d'or
gagne cependant 1,50 % aux alentours de 900 $ en début de soirée.
C'est la course au cash, reflétée par des injections massives de liquidités par les banques centrales à destination de banques tétanisées sur le marché interbancaire et une nouvelle ruée vers la
sécurité qui se reflète via la baisse des taux obligataires en Europe, et donc la hausse des obligations gouvernementales allemandes qui font référence (ci-dessous la courbe des taux de ces obligations par maturité ou échéance - la ligne orange représente les niveaux de vendredi, en vert ceux atteints ce
soir)
Dans l'attente du vote du Plan américain, le Dow Jones perd - 2,38 % en début de soirée, mais on retiendra au-delà du
stress qui se porte sur les banques européennes, l'appréciation négative des marchés obligataires pour les dettes de certains Etats dorénavant, à l'image des obligations
gouvernementales belges qui voyent leur 'spread' ou différentiel de taux avec les obligations allemandes passer de 0,25 % en août selon la BCE à 0,60 % environ, en hausse de + 0,10 % sur la
journée. La dégradation de la solvabilité du pays s'exprime ici par un supplément de rémunération demandée par les investisseurs. La Belgique voit donc son surcoût d'endettement par rapport à la
1ère économie européenne s'élargir, celui de l'Italie atteignant même ce jour + 0,88 % au plus haut depuis l'avènement de l'Euro en 1999. C'est toute la hiérarchie des risques des
entités économiques aussi grosses soient-elles qui est ré-appréciée.
Le sauvetage en cours par les Etats n'est ainsi pas quelque chose de 'définitivement endigué', les problèmes pouvant comme déjà signalé s'exprimer par un vote négatif des marchés soit
obligataires comme on le constate avec le cas belge mais aussi via le marché des changes.
La crise touche au risque des états dorénavant et potentiellement à leur monnaie.