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Du gossip anodin à l’implication dans la réputation réelle des individus

Publié le 29 septembre 2008 par Lilzeon

Citoyens !

On parle énormément de réputation en ligne, ou de cyber-réputation, essentiellement en marketing et en s’attardant sur les implications pour les entreprises : que risque-t-on si une “affaire” sort de mon usine et se propage à travers les méandres du web ? Quelles conséquences pour mes investisseurs, mes consommateurs, mes prestataires ? Ma réputation -et donc la confiance qui en découle- pourrait être déminée.

Il me semble que pour ces entités, on a une capacité d’action forte. L’entreprise a la possibilité de communiquer, elle est légitime par sa taille, son histoire, par tous les recours juridiques bien huilés dans la presse (droit de réponse, communiqué, etc.). Il y a une mécanique institutionnalisée. Et ça marche. Idem en ligne, où quand la marque met en place une stratégie de e-réputation forte, elle peut à la fois centraliser les critiques tout en pouvant massivement diffuser “sa” vérité. Les problématiques confidentielles le restent ou circulent en boucle limitée dans un réseau de pairs. Même si on apprend avec qui couche le patron d’une entité cotée au CAC, ça n’a que peu d’importance in fine . Le risque de voir un papier ou un post sur le sujet est extrêmement faible. Normal, c’est un non-sujet dans l’univers où opère l’entreprise.

Oui mais voilà, la question est beaucoup plus grave quand il s’agit des individus. Si on devait schématiser leurs différences avec une entreprise, voilà une grille d’analyse possible (attention je ne parle que de l’individu qui habite un pays lui laissant le temps de pouvoir être “socialement connecté”) :

  • les entreprises ont 2 missions liées : créer de la valeur durablement et faire tourner ses ressources (humaines, machines…) pour pouvoir maintenir voire augmenter l’output et satisfaire ses actionnaires
  • les individus ont X aspérités liées : vivre, être heureux, gérer les problèmes / risques (voir à ce propos tout ce qui concerne la modernité liquide), trouver un job, tomber amoureux, préparer sa descendance…

L’intimité de l’entreprise, ce sera un rituel interne, un déroulé de séminaire, la couleur des toilettes du 3ème…L’intimité de l’individu a trait à ses amours, ses passions, ses histoires, ses connaissances.

Attaquer ou diffamer justement ou injustement une entreprise attaquera une fonction de production. Point.

Attaquer ou diffamer justement ou injustement un individu aura des conséquences sociales, personnelles, affectives, voire médicales (après tout Britney n’est-elle pas devenue plus fragile après avoir été harcelée par les médias ?) et j’en passe. La durée de vie d’un individu est, en étant cynique, potentiellement moins longue qu’une entreprise “worldwide”. Accuser un individu injustement de pédophilie le touchera sans doute durablement, même blanchi. Accuser un DG de délit d’initiés affectera son entreprise, mais cette dernière aura toute une série de mesures et de répartition de la charge entre parties prenantes lui permettant de se “racheter une réputation”.

Nous ne sommes donc pas éga

ux sur nos opportunités de nous défendre. Pourtant les médias sociaux donnent équitablement la possibilité de nuire à autrui ou à une entreprise…Déséquilibre d’origine.

Maitre Eolas nous éclaire (un peu) sur nos droits par rapport à une diffamation :

[le blogueur doit] “-Publier gratuitement et sous trois jours à compter de la réception un droit de réponse de toute personne nommée ou désignée dans un billet ou un commentaire, sous la même forme de caractère et de taille, sans que cette réponse ne puisse dépasser la longueur de l’écrit initial (sauf accord de l’éditeur, bien sûr). Dans le cas d’une mise en cause par un commentaire, la personne en question pourra y répondre directement par un commentaire la plupart du temps, bien sûr. Dans le cas d’une mise en cause dans un billet, l’éditeur doit publier le droit de réponse sous forme d’un billet. Sanction : 3.750 euros d’amende, article 6, IV de la LCEN”

On indique souvent que certains blogs sont des journaux intimes. Que donc on peut y dire ce que l’on veut. Ceci dit un journal intime est généralement lu seulement par son auteur (et par sa mère qui farfouille). Un blog est par définition potentiellement lu par n’importe qui. Or ce n’importe qui ne vient généralement pas par hasard sur un espace : j’ajoute par exemple le lien de mon blog sur Facebook; à supposer que j’ai un profil un petit peu public, un internaute que je ne connais pas mais qu’un de mes “friends” connait peut venir donc sur Citizen L. Formidable ! sauf si je me mettais à tirer à boulets rouges sur des individus ou à leur prêter des intentions ou des paroles qu’ils n’ont pas tenues. Mais alors peut-on se protéger derrière l’argument lolesque de la liberté d’expression totale dans un diary ? Non pour Maitre Eolas :

“il faut que la personne soit identifiée ou au moins identifiable. Inutile qu’il soit identifiable par des milliers de personnes. Un groupe restreint suffit, du moment qu’il peut subir un préjudice du fait d’être reconnu par ce groupe comme le milieu professionnel dans lequel il évolue (par exemple : un chercheur dénoncé auprès de la direction du CNRS comme étant un terroriste international, mais là j’exagère avec mes exemples : personne ne serait assez stupide et méchant pour oser faire une chose pareille).”

La nuance est de taille : même si la personne qu’un blogueur accuse n’est reconnaissable que par 3 personnes (son petit ami, son employeur et sa collègue de bureau), elle peut connaitre un immense préjudice. La loi nous protège de ce genre de préjudice.

La conclusion de ce post ?

La loi nous protège donc du gossip écrit. Et c’est plutôt une bonne nouvelle de se dire que la nécessité de la paix peut aller de pair avec la liberté. Et de faire taire la meute des charognards.


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