Les ectoplasmes constituent la matière dont sont constituées les diverses émanations du corps du médium au cours des séances. Les
mains matérialisées par Home, la guirlande offerte à Elizabeth Browning étaient des ectoplasmes .
Il semble que le médium soit capable, dans certaines conditions, de matérialiser ainsi ses pensées.
L'histoire du spiritisme regorge d'épisodes de matérialisation durant lesquels l'ectoplasme a été touché, photographié et a revêtu
de multiples formes. Il s'agit d'un phénomène relativement récent : on n'en parle en effet ni dans l'Antiquité, ni au Moyen Âge.
Les premières allusions à une substance indéfinie et amorphe faisant penser à l'ectoplasme des réunions spirites figurent dans les écrits des alchimistes du XVIIe siècle qui évoquent l'existence
d'une « substance froide et passive », d'une « lymphe trouble », d'une espèce de « glaise molle et subtile », d'une « masse visqueuse et gluante ».
On peut la voir et la toucher, elle se trouve à l'origine de toutes les formes et se manifeste sous l'apparence de n'importe
quelle image à même de se refléter dans un miroir.
Les études systématiques sur l'ectoplasme s'avèrent néanmoins directement liées au développement des séances de spiritisme. Elles
débutèrent vers le milieu du XIXe siècle et, de 1870 à 1930, des centaines d'expériences furent réalisées afin de tenter de découvrir et de cerner la nature de cette substance, mais aucune ne
permit d'aboutir à une conclusion définitive.
Les caractéristiques de l'ectoplasme et ses propriétés sont on ne peut plus variées.
Il s'agit dans certains cas d'une vapeur légère et luminescente qui se dégage du corps du médium ; dans d'autres, d'une masse
fluide ; dans d'autres encore, d'un amas de fils, d'un filet, d'une gaze ou d'une sorte de tissu.
Tantôt gris, tantôt blanchâtre ou au contraire d'une blancheur éclatante, il est parfois lumineux ou bien présente quelques points
luminescents à l'intérieur.
Il redoute quoi qu'il en soit la lumière qui semble avoir la faculté de le désintégrer : les séances durant lesquelles on souhaite
obtenir des effets de matérialisation doivent par conséquent se dérouler dans le noir ou avec un éclairage très faible diffusant de préférence une lumière rouge.
Les formations ectoplasmiques peuvent se déplacer lentement ou rapidement, émaner d'une région du corps du médium, se mouvoir et disparaître en rentrant par là où elles sont sorties ou bien par
un endroit différent. Elles ont généralement tendance à s'enfuir quand on fait mine de les toucher, mais se laissent aussi quelquefois effleurer, auquel cas elles s'avèrent presque toujours
froides, visqueuses et moites .
L'ectoplasme, qui apparaît tout d'abord comme une masse inconsistante, a généralement une irrésistible tendance à se muer en une
forme intelligible, traduisant ainsi un besoin d'expression et de création. Le processus de matérialisation, plus ou moins lent, a été mis en évidence par une série de photographies prises avec
des temps de pause excessivement brefs. Il débute habituellement en un point unique de la masse initiale où l'on voit progressivement se constituer une partie de la figure (par exemple, un doigt
ou une main), cette dernière revêtant à la fin une précision très grande, presque absurde et inconcevable.
Quelques secondes suffisent pour que les observateurs aient sous leurs yeux une forme vivante dotée d'une circulation sanguine
propre (apparemment du moins), d'une respiration et d'une sorte de personnalité distincte de celle du médium qui l'a engendrée.
Y aurait-il moins d’expression des facultés psychiques (cognitives ou kinésiques) avec le développement de la civilisation technique et rationnelle car on constate actuellement un déclin de ces
phénomènes. Il est vrai que les conditions opératoires sont de plus en plus rigoureuses, les observateurs fréquemment sceptiques voire hostiles (et nous savons que les phénomènes paranormaux
demandent un climat psychologique positif)
Le rituel
Par le passé, le rituel d'une séance de spiritisme se déroulait schématiquement comme suit. Après un instant de recueillement, de prières et d'invocations silencieuses, dirigé par le responsable du groupe, les participants s'asseyaient autour d'un guéridon ou d'une table en bois, ronde de préférence. La pièce où se déroulait le rituel devait se trouver à l'écart du bruit et plongée dans la pénombre.
Parfois le groupe se mettait préalablement d'accord sur la nature des questions, ou sur un thème précis, qu'il tenterait
d'adresser aux esprits. Puis chacun posait ses mains en contact léger avec le plateau de la table et l'officiant, investi de pouvoirs médiumniques, tentait alors d'établir le contact avec un ou
plusieurs de ses contrôles (les esprits qui avaient coutume de se manifester à travers lui).
Manifestations des esprits et fond de la croyance
Le succès n'est pas garanti mais lorsque la séance est positive l'esprit prend possession du médium, qui peut donner l'impression d'être en transe, et répond aux questions de la petite assemblée. Pour ce faire il utilise la parole, par la bouche même du médium dont le style d'expression et le ton de la voix sont parfois sensiblement modifiés. Le contrôle peut également se servir de la main de celui-ci et lui dicter un message, transcrit sous l'emprise d'une écriture automatique ou médiumnique, aussi appelée psychographie.
À moins que l'esprit ne guide cette main vers les lettres et les chiffres gravés sur une tablette en bois, le oui-ja, donnant ainsi, peu à peu, un sens au message. Après sa prestation il arrive que le médium demeure amnésique, ne se souvenant pas des événements
intervenus pendant la transe ou ne gardant qu'un souvenir confus de leur déroulement. La séance s'achève habituellement par une prière de remerciement, éventuellement suivie des commentaires des
uns ou des autres.
Dans l'utilisation du oui-ja ou de l'écriture automatique, à croire certains témoignages la main du sensitif échapperait à sa
volonté. D'ailleurs il n'est pas rare qu'il ne reconnaisse pas comme siens l'écriture et le style utilisés.
Autre curiosité, la qualité des messages n'est pas toujours de très haute tenue, ne reflétant
pas systématiquement le niveau intellectuel du médium. Inversement on a signalé des textes d'une grande portée philosophique recueillis par des médiums peu cultivés. Les spirites expliquent cet
étrange paradoxe, et ce n'est pas très original, par le fait que le monde des esprits est en tout point pareil au nôtre pour ce qui est des traits de la personnalité et du niveau d'instruction
des entités qui le composent.
Lors de séances un peu plus spectaculaires, dont on trouve trace dans de nombreuses chroniques du siècle dernier, les esprits frappeurs se manifestaient (thorybisme) en communiquant par des coups (les raps) frappés selon un code
défini.
Dans ce cas, la forme de la communication est le plus souvent conditionnée par un type de réponse binaire (oui/non). Selon la
puissance des énergies mise en oeuvre des séances donnaient parfois lieu à des matérialisations : spectres ou objets divers, les plus incongrus quelquefois.
À l'occasion, certains de ces objets se déplaçaient sans aucune intervention humaine (télékinésie) ni aucun motif là non
plus.
De nos jours, dans les groupes qui se prétendent sérieux, chaque réunion est préparée à l'avance et organisée dans un but précis et utile : soins spirituels, développement médiumnique, études et recherches, etc. La séance commence habituellement par une communication du guide spirituel qui la préside, à laquelle succèdent les interventions de divers médiums, pour s'achever par une prière de remerciement.
L'étude critique et comparative des communications reçues est systématique. En outre, les spirites actuels ont pour la plupart abandonné l'emploi de guéridons, tables, corbeilles, oui-ja et autres artifices. Ils sont estimés peu commodes pour les communications d'une certaine longueur et assez exigeants du point de vue de l'investissement d'énergie demandé aux médiums.
Les esprits semblent eux aussi s'adapter à notre technologie, puisque des témoignages assez récents font état de communications enregistrées sur bandes magnétiques ou sur l'écran d'un ordinateur ou d'un téléviseur. Il existe sur ces derniers thèmes, regroupés sous le terme transcommunication, une littérature abondante.
Spiritisme et religion
Le spiritisme carioca ( brésil) , apparu dès la fin du XIXe siècle, est lié au développement des
idées progressistes diffusées par le spirite français Allan Kardec et à la distance que les milieux bourgeois prenaient à l'égard du catholicisme. Il se présente comme une religion rationnelle
qui entend expliquer l'Univers en termes d'ondes et d'électrons émis par des esprits.
Mais il reste imprégné par le christianisme : il prétend diffuser le message des évangiles et les centres spirites brésiliens sont organisés comme des églises. Le président du centre ainsi que
les médiums sont assis à une table qui peut être considérée comme le choeur ou l'autel.
Sur cette table, on dispose un vase de fleurs blanches, le livre d'Allan Kardec, l'Evangile selon le spiritisme, et des bouteilles
d'eau qui seront magnétisées par les médiums.
Après la lecture, la salle est plongée dans la pénombre, et les esprits viennent posséder, dans un ordre défini, les médiums pour se repentir de leurs fautes. La réunion s'achève par une prière
et par la distribution aux participants de l'eau qui vient d'être « fluidifiée » par les médiums.