"Relancer l'offre de crédit"...Tel est un des objectifs affichés par le secrétaire d'état au Trésor Henri Paulson, et largement repris par divers experts et analystes.
Cela ressemble de plus en plus à une incantation désespérée de décideurs (de tous bords politiques) complètement dépassés par la situation, et qui refusent de voir l'évidence : la plus grande bulle de crédit de l'histoire est en train de s'effondrer, et plus aucune de leurs "stimulations" n'est capable désormais d'inverser le processus.
Ces décideurs ne sont apparemment même plus en mesure de soutenir des marchés financiers pour simplement quelques semaines à un mois des élections présidentielles US.
Faisons un petit point sur l'endettement des USA avec les dernières données disponibles (2ème trimestre 2008).
La dette totale des USA atteint 51 019 milliards de $,
le ratio dette totale / PIB est donc passé de 343% en 2007 à 357% en 2008 (2ème trimestre).
Cela représente 167 000 $ par citoyen américain, ou encore 669 000$ pour un ménage standard (couple avec deux enfants)...Le ratio dette totale / PIB représente aussi plus du double de celui atteint à la fin de 1929.
Si la récession fait chuter le PIB de façon importante (hypothèse à mon avis réaliste), ce ratio augmentera encore, comme sur les années 1931-1932 (dénominateur plus petit = ratio plus grand), même si la dette totale commence à se contracter : des ratios supérieurs à 400 ou 450% dans les années à venir sont envisageables.
Malgré cela, les dirigeants US (qu'ils soient démocrates ou républicains) espèrent encore dans un bel ensemble pouvoir « relancer le crédit » et voir l'économie repartir comme si de rien n'était après 2 ou 3 trimestres de « gentille récession »...Ce n'est pas une critique particulière envers les dirigeants US, vu que leurs homologues européens tiennent globalement le même discours surréaliste dans les circonstances actuelles : "relancer le crédit !"La vérité est que cette bulle de crédit est la plus grande de toute l'histoire, qu'elle grossit depuis le début des années 80 aux USA (1981 très précisément, soit juste après la fin de la période inflationniste des années 70) : Vu la durée exceptionnelle de cette phase d'expansion (26 ans), il ne faut pas s'attendre à voir les problèmes actuels réglés vraiment avant une décennie au moins.
Cela ne signifie pas 10 ou 15 ans de récession et de crise intense (une durée de 2 à 4 ans paraît pour le moment plausible à ce niveau). Mais nous ne retrouverons sans doute pas de fondations saines et un vrai nouveau cycle de croissance de long terme (comparable à la période 1945-1981) avant au moins 10 ou 15 ans (pour la plupart des pays développés concernés par la bulle de crédit en tout cas).