Conception ergonomique dans un contexte agile : Retour d'expérience

Publié le 29 septembre 2008 par Isabelle Gauthier
Jérémy Anneheim
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Un client nous a récemment confié la conception ergonomique d’une application web dans un contexte agile. Ce billet n’a pas pour objectif de détailler les avantages des méthodes agiles mais plutôt d’apporter un éclairage concret sur les faits marquants (positionnement, points forts et difficultés) de cette expérience.

Objectif du client et contexte général :

  • Disposer à la fin d’un sprint (courte période de temps, de durée fixe, durant laquelle vont se dérouler une série d'activités et se termine par une livraison) d’une application web qui soit utilisable quitte à ce qu’elle soit minimaliste dans un premier temps et enrichie par la suite.
  • Ce sprint 1 s’inscrit dans une démarche de conception d’un logiciel à terme plus complet (et composé d’autres briques fonctionnelles)

Moyens mis en place et rôle des intervenants :

Pour suivre la méthodologie de projet SCRUM, une équipe est mise en place dans une salle dédiée.
Elle est composée :

  • de plusieurs développeurs qui évaluent la charge de travail et se répartissent les tâches.
  • d’un SCRUM Master (chef de projet agile) qui veille au bon déroulement du projet.

Détaché de l’équipe, le Métier (Product Owner) rédige les besoins fonctionnels et vérifie la bonne prise en compte de ceux-ci lors du développement. Dans ce contexte, l’intervention de l’ergonome consiste principalement à maquetter les principaux écrans de l’interface. Pour y parvenir il doit préciser, creuser, enrichir les exigences fonctionnelles puis échanger quotidiennement avec les développeurs.



Retour sur les points forts de cette mission :

  • Une collaboration fine avec le Métier. C’est avant tout pour lui que nous travaillons.

  • Un premier échange indispensable avec les développeurs dès la réunion de lancement qui permet :
    • de cibler les possibilités techniques
    • d’envisager une première liste des principaux écrans et de la cinématique
    • de cadrer les supports utilisés et le type de livrables
    • de définir une organisation de travail (la conception et le développement s’effectuant en parallèle) pour éviter qu’aucun intervenant ne se retrouve bloqué ou en attente d’éléments.
  • Un maquettage des écrans progressif et rythmé par de nombreux feedbacks. Une fois la cinématique et l’architecture générale des écrans clés validée par le Métier, le premier « zoning » peut être livré aux développeurs concernés. C’est ensuite au rythme des points et des échanges avec le Métier que les écrans se précisent (jusqu’aux premières règles de gestion).
  • La mise en place de boucles itératives est primordiale car si les projets agiles rappellent une construction collective et progressive, il est nécessaire de transmettre aux développeurs des éléments validés par le Métier. Cela n’empêche toutefois pas les développeurs d’alerter le Métier ou l’ergonome sur la faisabilité de certaines fonctionnalités compte tenu du temps imparti.
  • L’ergonome occupe une place privilégiée en tant que garant d’un support d’échange (storyboard) qui concrétise les exigences fonctionnelles et relie les différents acteurs du projet.

Risques et difficultés rencontrées :

  • Ne pas suffisamment anticiper sur les disponibilités du Métier pour échanger et valider le travail ergonomique.
  • Ne pas distinguer dans cette conception ergonomique, les fonctionnalités comprises dans le sprint en cours de celles qui le seront par la suite. Si le Métier a besoin d’une vue globale (avec une grande partie des fonctionnalités développées par la suite) pour juger de l’évolutivité de la conception, ce n’est pas le cas des développeurs qui risquent ainsi de se détourner des fonctionnalités prioritaires.
  • Devoir définir une conception à la fois souple et évolutive est parfois délicat car les grands axes de conception des futurs projets ne sont pas toujours décidés. La nécessité d'un amorçage rapide d’une vision ergonomique et métier prend ici tout son sens.

Conclusion :

L’intervention ergonomique couplée aux valeurs agiles (réactivité, collaboration) a mis en évidence plusieurs points forts. De par son positionnement, on peut même considérer l’ergonome comme l’un des « facilitateurs » du projet.

Toutefois, on pourra retenir qu’il est nécessaire d’intervenir avec un temps d’avance par rapport au développement en cours. En intervenant sur les besoins fonctionnels d’un sprint N+1, l’ergonome a la possibilité d’officier en tant que support du Métier. Il sera plus à même d’accompagner l’équipe dans son développement quotidien. C’est certainement dans cette optique que les perspectives sont les plus intéressantes.

Pour en savoir plus :

  • Scrum, Méthodes Agiles : de nouveaux terrains pour l'ergonomie
  • Petit Déjeuner SQLI : pour une Ergonomie Agile