Magazine Société

Où va le SDRIF ? ou, la bataille pour le Grand Paris est ouverte !

Publié le 16 juillet 2007 par Jean-Paul Chapon

Le Figaro nous apprend ce matin que « le Premier ministre, François Fillon, a envoyé, jeudi 12 juillet, une lettre au président de Région Jean-Paul Huchon (PS) lui demandant de surseoir à l’enquête publique sur la révision du SDRIF, le schéma directeur de la région Ile-de-France ». Après le premier signal donné par l’avis réservé du Ministère de l’Ecologie, la position de Fillon vient confirmer le discours du Président de la république à Roissy, qui avait déclaré ne pas souhaiter l’adoption du SDRIF. Le Figaro poursuit en précisant que « Ce n’est pas un hasard si ce même jeudi, le président de la Région a annoncé haut et fort qu’il venait de signer l’arrêté portant ouverture de l’enquête publique. » Demain, le Conseil Général de Paris doit se prononcer sur le SDRIF. Lors de la dernière session de la Conférence Métropolitaine, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, avait annoncé que le Conseil Général de Paris s’orientait vers un avis favorable.

Pour autant, on pourrait avoir des surprises dans cette pièce à trois, l’Etat, la Région et la Ville. Clairement, deux camps sont petits à petits en train de se mettent en place, pour deux projets qui pourraient ou devraient être compatibles : un Grand Paris dynamique dans une Grande Région forte. Mais au-delà des clivages politiques, des rapprochements semblent se dessiner, les partisans d’un Grand Paris, Communauté urbaine ou autre, et ceux de la Région. Bien sûr, nombreux encore défendent le processus du SDRIF, parce qu’il est le symbole d’une certaine décentralisation et d’une gestion plus démocratique, mais pour autant, des critiques se font entendre, et mettent fin à une belle unanimité. Le SDRIF n’est pas au niveau pour les uns en matière de transports, pas au niveau pour les autres en matière de logements ou de rééquilibrage Est-Ouest. Pas adapté ou incomplet. Pour se faire une idée, on peut se rapporter au numéro de mai de la revue Pouvoirs Locaux* avec notamment, Le SDRIF, illustration d’une décentralisation inachevée ? de Vincent Fouchier, Directeur délégué de l’IAURIF qui écrit ainsi « les Conseils Généraux ont tous préparé une contribution au SFDRIF ; ils ont tous conduit une concertation au sein de leur territoire, ils ont tous fait des propositions d’aménagement, certains exprimant leur souhait de voir repris leur contribution in extenso dans le SDRIF. Le Code de l’urbanisme prévoit en effet qu’ils formulent des propositions et qu’ils donnent ensuite leurs avis sur le SDRIF, lequel avis est d’ailleurs joint au dossier d’enquête publique… mais ils n’ont pas de compétence stricto sensu en matière d’aménagement du territoire ! » On peut lire aussi l’article de François Archer, professeur à l’Institut français d’urbanisme (Paris VIII) sur le SDRIF « qui additionne els bonnes intentions, même lorsqu’elles sont contradictoires, les revendications des diverses collectivités, les soucis des différents acteurs et groupes de pression. Il ne hiérarchise pas les objectifs et n’établit pas véritablement de priorités. » Critiquer le SDRIF n’est plus tabou.

Alors, que faire du SDRIF ? Faut-il un retour de l’Etat, dans ce processus de décentralisation. Et de fait, tous les acteurs rappellent l’Etat à ses devoirs lorsqu’il s’agit de financement, mais lui rappellent aussi qu’il doit respecter les élus, et à travers eux, les citoyens. En cette période « d’ouverture », où selon le slogan « tout est possible », il est intéressant de relire certains discours, comme par exemple l’échange qui s’est déroulé le 24 mai dernier entre le maire de Paris et le président de la république. Ainsi à Bertrand Delanoë qui déclare : « Immense ambition à laquelle chacun devra évidemment contribuer. Et Paris veillera à prendre toute sa part dans l’écriture du 21ème siècle en marche. D’ores et déjà, notre cité s’est engagée sur la voie d’une nouvelle donne démocratique, sociale, économique et environnementale. Dans cette quête qui inspire autant d’humilité que de volontarisme, la prise en compte de l’apport de chacun est indispensable. Et celui des collectivités locales est majeur dans la France d’aujourd’hui, quand les besoins de logements, de solidarité, de création d’emplois ou de dynamique culturelle, s’imposent comme autant de leviers de l’unité nationale. Sur l’ensemble de ces dossiers, je souhaite bien entendu que l’Etat et la Ville de Paris puissent travailler ensemble, au service exclusif de l’intérêt général », Nicolas Sarkozy répond « on ne peut pas avoir une grande ambition pour la France, sans une grande ambition pour la capitale de la France. Paris n’est pas faite pour les petites ambitions, Paris est faite pour les grands projets. Paris doit rayonner dans le monde. Et Paris ne peut pas le faire sans l’aide et le soutien puissant de l’Etat. Croyez bien que l’Etat sera aux côtés des élus de Paris. »

plus que jamais à suivre…

* Pouvoirs Locaux, les cahiers de la décentralisation, Dossier Paris-Ile-de-France, comment gouvernet la “métropole régionale”. Numéro 73 II/2007 (mai). On peut se le procurer à la Documentation Française.


Retour à La Une de Logo Paperblog