Je ne vous apprends rien, Fortis, première banque belge et véritable institution nationale, se trouve depuis plusieurs jours dans une épouvantable tourmente boursière et financière créant séisme et panique chez les épargnants, les actionnaires et les responsables politiques. Ce que beaucoup ne savent pas, en revanche, c’est qu’ici la crise des subprime n’est pas la cause première de la débâcle, elle n’est « que » l’accélérateur des effets d’une affligeante gouvernance de patrons mégalos. Ces messieurs aux salaires ahurissants (comme dit Le soir) ont eu les yeux plus grands que le ventre au mauvais moment (2007) en rachetant au prix fort le pôle bancaire d’une des plus grandes banques néerlandaises, l’ABN Amro. Je vous passe les détails, les journaux font cela mieux que moi.
L’Etat belge ainsi que le néerlandais et le luxembourgeois, couverts par la Banque Centrale Européenne, n’ont eu d’autre choix que voler au secours de l’institution en décidant hier soir dans l’urgence de nationaliser partiellement et à titre provisoire les trois pôles bancaires nationaux du bancassureur belgo-néerlandais. La belle langue de bois politicienne belge à forts relents socialistes nuance : l’Etat ne vient pas au secours de Fortis mais bien au secours des intérêts des épargnants petits et grands. Cherchez l’erreur. D’aucuns diront que le capitalisme a beau jeu de faire appel à l’Etat quand ça va très mal mais ici, la démarche est inverse : c’est l’Etat qui pour une fois a pris ses responsabilités et l’initiative de sauver les meubles, autrement dit l’économie de la Belgique toute entière.
A contre-courant de l’intervention de l’Etat belge, la situation offre un pont d’or à ING. Le grand groupe néerlandais bien présent en Belgique devrait racheter ABN Amro à Fortis pour la modique somme de 10 milliards d’euro alors que celle-ci l’avait acquise pour … 24 milliards. Là aussi, cherchez l’erreur. Les Français ne sont pas en reste : hier soir, BNP Paribas, intéressée par le rachat de Fortis, offrait 1,66 euro par action qui cotait encore 5,50 vendredi (venant de 26 et quelques centimes il y a quelques mois). Les requins ne sont donc pas que néerlandais.
Maintenant c’est au tour de Dexia la franco-belge, durement touchée par la crise des subprime, de plonger dans les abymes de la bourse et de l’incertitude. Effet domino ? Le gouvernement belge s’est engagé à la soutenir au cas où mais en a-t-il les moyens alors qu’il est incapable de boucler son budget 2009 ? Et que fera le gouvernement français ? On attend autre chose que les jérémiades moralisatrices de Monsieur Sarkozy sur les « responsables » de la crise financière. Les finances de l’Etat français ne sont pas beaucoup plus brillantes que celles de sa petite voisine.
Alors quoi ? Soyons réalistes, il n’y a pas de solution miracle, c’est le “marché” qui décide. Lui seul.
Pas de panique !
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Branle-bas de combat en Europe face à la crise bancaire (Le Figaro)
Fortis, un gâchis inacceptable (La Libre Belgique)
Le Monde en parle ICI et Libération ICI.
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