Second Life, le Web 2.0 rattrapé par les marques
De par son aspect novateur et viral, Second Life se présente aujourd'hui comme l'un des univers les plus riches de la Toile. Il permet à toute personne, représentée par un Avatar, de se balader, discuter, échanger et construire une « seconde vie » grâce à une économie fondée sur le Linden Dollar, monnaie désormais cotée et valorisée. Cet univers est actuellement composé de 7 millions de personnes dont une bonne partie d'Européens, et de Français.
Second Life est un jeu vidéo massivement muli-joueur dans lequel on retrouve toutes les composantes d'une société virtuelle, et bien plus encore. Les joueurs développent les vies de leurs personnages, s'y attachent en y consacrant de nombreuses heures et finissent bien souvent par s'y investir financièrement. Une vraie vie parallèle. C'est sur Second Life que sont rapidement intervenues, depuis le lancement en 2003, plusieurs marques telles que IBM (magasins dans lesquels l'entreprise met en vente des PC que les internautes peuvent commander), Toyota (test d'un nouveau modèle de voiture) ou encore L'Oréal Paris (organisation d'un défilé Miss L'Oréal Glamour). On applique ici les lois classiques du marketing alternatif en se rapprochant de sa cible grâce à une présence soutenue sur les espaces d'échange et de concertation fréquentés en ligne.
Cette démarche constitue une innovation pour la majeure partie de ces marques qui espèrent en tirer profit, à la fois en termes de ventes liées à la diffusion de messages publicitaires, mais également en terme de constitution d'une image avant-gardiste vendeuse auprès de jeunes publics prescripteurs.
Un service de recrutement, pour quelle ambition ?
Depuis deux mois, une autre tendance s'empare du phénomène Second Life : la mise en place de services par les professionnels sur recrutement.
-Limitless Central, par Expectra
Au mois de mai dernier, Expectra lançait ses bureaux sur Second Life, à travers une première agence (Limitless central) et trois points de présence (Paris-Ile-de-France, Paris-Deauville et Toulouse). 5 recruteurs on été spécialement formés au recrutement sur Internet, ayant pour mission de chasser les candidats potentiels présents, d'assurer une permanence de l'agence et de réceptionner les CV. Ces personnes accueillent les candidats tels que Aurélie, qui a fait la démarche, et qui nous raconte son aventure. Bilan : un CV envoyé, une prise de rendez-vous retardée…On voit donc que l'interface candidat sur un monde virtuel pose bien d'autres problèmes qu'une simple intendance.
-La Maison de l'Emploi, une parodie d'ANPE
Les mondes virtuels sont libres de toute création, ce qui peut également engendrer des problèmes d'image pour certaines sociétés désireuses de s'y implanter. Ainsi on a vu sortir de sous terre une ANPE, d'apparence réelle et pourtant totalement factice : il s'agissait en fait d'une fausse ANPE, créée de toute pièce par un résident). On comprend donc la dangerosité de ce type de monde, où tout est possible et rien n'est prévu à priori pour les marques. Encore plus dangereux, les annonces d'emploi publiées dans certaines agences seraient sous-payées, en Linden Dollar bien sûr. On comprend donc rapidement à quel point le risque informationnel est important.
-NeoJobMeeting, le forum des multinationales
Dernier évènement en date, cinq multinationales françaises (Alstom, Areva, Capgemini, L'Oréal et Unilog) se sont associées par l'intermédiaire d'une agence dédiée pour créer leur forum) sur Second Life. L'objectif étant de faire se rencontrer potentiels candidats sur recruteurs sur une île virtuelle, sur laquelle les échanges se passeront par écrit. Cette approche commune a des avantages, la mise en commun des ressources et de l'impact provoqué auprès des médias, et un défaut, le potentiel revers de médaille lié à l'explosion des demandes et l'éventuelle frustration des candidats s'attendant à de vrais entretiens poussés. Les entretiens se déroulent en ce moment même.
Recrutement sur Second Life, prime au premier arrivant ou quête de la maturité ?
Les enjeux suivant sont importants pour tout acteur du recrutement désireux de se lancer sur ce nouvel espace. Si nombreux sont les départements RH et professionnels du recrutement à se poster la question du lancement, ils doivent également réfléchir aux risques qu'ils encourent.
Je pense quant à moi qu'il est particulièrement important de veiller aux points suivants :
-Ciblage et interactions avec les candidats
Bien que ouvert à tout vent, Second Life n'en est pas moins constitué pour l'instant de populations gravitant autour des métiers de l'informatique, d'où une légitime frustration pour les candidats se rendant sur ces espaces et constatant la proéminence des offres dans ces domaines. Second Life doit donc choisir l'ouverture pour s'imposer comme média de référence.
-Dépasser les contraintes logistiques liées cet univers
L'animation d'une île/d'une agence ouverte 24 heures sur 24 requiert une importante logistique, afin d'assurer un service de qualité quelque soit l'heure du jour ou de la nuit, et d'éviter les dégradations sonores ou visuelles, qui pourraient s'avérer désastreuses en terme d'image. Pour chaque permanence créée, un système de sécurisation ou surveillance devra être instaurée au minimum. Au mieux, des personnes devraient se relayer pour répondre aux questions, toute la nuit s'il le faut.
-Réduire le montant de l'investissement initial
Les chiffres récemment évoqués se comptent d'ores et déjà en dizaines de milliers d'euros, pour un retour sur investissement totalement inconnu. En effet, comment évaluer l'impact de tels événements sur la politique de Ressources Humaines de groupes aussi dimensionnés ? Faut-il obligatoirement passer par une agence de communication pour s'engager ? Pour quelles garanties ? Second Life doit donc se rendre plus accessible.
Le blog de VerbalKint - www.verbalkint.net -