Chapitre VI. Les règles pécuniaires du bon goût p 92 (Coll Tel Gallimard - 1978)
" Le cas des animaux honorifiques et réputés beaux est intéressant, car ils offrent subsidiairement une autre base au mérite. Exception faite pour les oiseaux, qui doivent à leur seul caractère non lucratif d'occuper un rang dans cette classe, ces animaux méritent une attention particulière, notamment le chat, le chien et le cheval de selle. Le chat est le moins honorable des trois, parce qu'il représente moins de gaspillage ; il risque même de se rendre utile. Et puis ce n'est pas un tempérament bien adapté aux intentions honorifiques : le chat vit avec l'homme de pair à compagnon; il ne daigne rien savoir du rapport de rang...Il ne met aucune complaisance à faciliter la comparaison jalousante du propriétaire et de ses voisins, sauf quand il appartient à une race de fantaisie, comme ce produit rare qu'est l'angora : il prend alors sa petite cote honorifique, puisqu'il vaut plus cher et peut prétendre de ce fait à une certaine beauté de type pécuniaire. Le chien présente des avantages, tant par son inutilité que par ses dons spéciaux. On vante très volontiers en lui l'ami de l'homme; on le loue pour son intelligence et sa fidélité. Entendons par là que le chien est à l'homme un serviteur, qu'il est doué d'une servilité obséquieuse et aveugle, et qu'il est prompt comme l'esclave à deviner l'humeur de son maître. Voilà des qualités qui le disposent parfaitement au rapport de rang, et qu'il faut ici considérer comme utiles. "
par Frédérique 06/2007