A l'instar de Peter Krause dans Dirty Sexy money, Michael C. Hall - l'autre frère de Six Feet Under (il jouait un homosexuel, rôle loin d'être évident) - a trouvé sa reconversion télévisuelle dans Dexter. Premier rôle de la série, il jouit d'un statut confortable qui lui permet de mettre tous ses atouts en avant. Un acteur aussi démonstratif que nuancé. Un jeu très fin.
Malgré cela, Dexter ne semble pas être LA série "à ne pas rater" comme on pourrait la présenter. Certes, sa production est toujours en cours mais il m'étonnerait fort qu'elle dépasse la quatrième saison... A moins que de sérieux correctifs soient apportés.
Dexter Morgan est un agent de la police scientifique. Son boulot? Les taches de sang. Il voue un véritable culte aux taches de sang. C'est lui que l'on appelle sur les scènes de crimes pour étudier les projections d'hémoglobine et en tirer des conclusions. Mais Dexter est un agent particulier: il a un sixième sens qui ne lui fait jamais défaut. Il semble tout savoir sur la psychologie criminelle. Ce qui fait de lui un consultant apprécié de ses confrères experts en profiling.
Comme il faut tout vous dire, ce petit plus chez Dexter n'est pas inné. Il travaille son don depuis quelques années maintenant, puisqu'il est lui-même un serial Killer (facile de se mettre dans la tête d'un tueur...). Méthode et droiture sont les secrets de sa réussite. Il ne tue que des tueurs et ménage ses preuves pour rester dans l'ombre.
L'idée est intéressante. Et la saison 1 la développe plutôt positivement. Mais on déplore le manque de réflexion environnant. Pas un personnage ne fait le poids face à Dexter qui devient vite le seul auquel le spectateur est attaché. Aucun relief entourant sur lequel s'accrocher. La série en devient creuse. Il y a comme un écho qui raisonne lorsque Dexter s'oublie dans ses monologues. Et on est un peu en manque de diversification. D'histoires dans l'histoire, d'intrigues voire d'intérêt.
Alors que la saison 1 reste globalement satisfaisante, l'arrivée de la seconde sonne le glas de tous nos espoirs. Si Dexter reste fasciné par l'art de la découpe corporelle et la picturalisation du sang, il perd lui-même de sa substance, seul habillage de la série. Oui, il fait de nouvelles rencontres (assez improbables d'ailleurs) pendant que ses meurtres font l'objet d'une enquête à laquelle il participe. Idée facile. Mal exploitée. On assiste, une douzaine d'épisodes durant, à une instruction qui rappelle plus Sauvé par le gong qu'un bon polar... C'est toujours par un heureux hasard que Dexter s'en sort et c'est plus qu'irritant.
Que voulez-vous, dans Dexter l'intrigue n'est assassine que parce qu'elle n'existe pas...
E.