Tout en manquant de fondations solides en la matière (si quelqu’un a un séminaire à me suggérer…), je m’intéresse depuis quelque temps aux liens entre danse et art contemporain, qu’il s’agisse des grands Américains (Cunningham et Cage, Yvonne Rainer et Robert Morris) ou de Français contemporains, comme les Gens de l’Uterpan (à Bétonsalon il y a peu) ou les performances récentes autour de Swing à la Galerie des Galeries (ainsi Vanessa Le Mat).
Les danseurs marchent alors de long en large, sur scène, dans la salle, leurs déambulations, d’abord brutales et cadencées, deviennent peu à peu flâneries, esquives, contournements, les regards deviennent plus présents; trois couples se forment, accrochés par les regards, les sourires esquissés, soudés par une nouvelle séquence de déshabillage face à face.
Celle-ci aboutit à un jeu primal où les six danseurs déchirent des rouleaux de papier kraft avec une frénésie infantile, animale; ils se roulent dans le papier avec volupté, déchaînement. C’est une longue séquence où l’énergie est extrême, la tension palpable, la rupture proche. Rassemblant les morceaux épars de papier déchirés pour s’en couvrir, les danseurs saluent.Le spectacle continue avec d’autres séquences, celle du travestissement est un peu longue, celle où ils luttent avec de grandes bâches de plastique architecturant la scène développe à nouveau la même énergie vitale, la même occupation de l’espace qui semblent être la marque de cette pièce. La scène finale les ramène à nouveau nus face au public, chacun porteur d’un petit bol où ils et elles puisent de la peinture avec leurs doigts et s’en enduisent le corps, lentement, posément, s’habillant de couleur.
Un peu démuni pour analyser ce spectacle, fait de séquences en transformation, de contraintes maîtrisées, je ne peux que tenter de transmettre ici mon émotion devant sa force, devant sa dimension sensible et libertaire.
Lire ici pour une analyse plus poussée.