PAR BERNARD VASSOR
C'était jusqu'au dix-huitième siècle un potager appartenant à de riches financiers. Pierre Crozat, écuyer du Roi en était le propriétaire. Il avait obtenu moyennant 500 livres plus une rente, le droit de traverser le rempart du boulevard de ceinture, par un passage souterrain reliant ce jardin jusqu'à son hôtel situé rue de Richelieu. Le jardin s'étendait jusqu'à la rue Taitbout. Quand Crozat vendit son terrain, il y avait fait construire un petit pavillon. Un hôtel fut bâti, qui passa de mains en mains de financiers à riches financiers, de la Reynière, au fermier général Laborde puis à Choiseul-Stainville. Ce fut ensuite sur cet emplacement en 1821, que l'on construisit en douze mois, le Théâtre de l'Académie Royale de Musique(l'Opéra Lapelletier). Au début du dix-neuvième siècle, le père de Victor Schoelcher était locataire au rez-de-chaussée, d'un magasin de porcelaine. Les étages supérieurs furent occupés par les salons du Jockey-Club, dont le but principal n'était pas l'amélioration de la race chevaline, mais, la proximité des petites danseuses de l'Opéra ! Ces membres avaient d'ailleurs imposé à la direction, pour leur satisfaction personnelle, de donner un ballet au troisième acte de chaque pièce jouée.... Appelée rue Neuve-Grange-Batelière, elle commençait là où commence notre actuelle rue Drouot qui prit ce nom en 1847. Après l'incendie de l'Opéra dans la nuit du 28 au 29 octobre 1873, le terrain fut vendu en 14 lots. Les immeubles reconstruits restèrent en place jusqu'au percement du dernier tronçon du boulevard Haussmann en 1923, qui fit disparître cet hôtel de luxe. La rue Drouot, désormais n'est plus à l'angle du boulevard des Italiens.