Livrenblog s'est déjà intéressé au romancier, chroniqueur et dessinateur Ernest Lajeunesse. Nous le retrouvons aujourd'hui dans ses oeuvres de dessinateur, pour le numéro du 3 octobre 1901 de l' Assiette au Beurre, intitulé Les "Tumaslu !" Tu ne m'as pas regardé ?.
Sur la couverture de ce numéro c'est Catulle Mendès qui plastronne avec pour unique légende : Le Soleil de Minuit, titre d'un de ses recueils de poèmes, souligne le déclin du parnassien flamboyant. En effet ce regard perdu, ces yeux cernés de fatigues et d'excès, ce crane chauve couronné de cheveux filasses ne rappellent en rien la beauté de Christ débauché, à la crinière de lion, qu'on lui reconnaissait dans sa jeunesse.
Maurice de Waleffe raconte qu'à la table de Mendès au café Napolitain, "résonnaient dès l'entrée les glapissements suraigus de la voix eunuquoïde d'Ernest La Jeunesse" [...] Grand diable hirsute, mal peigné, mal rasé, d'énormes bagues de pierres de couleur à tous mes doigts [...] Souvent dans cet entourage de Mendès on voyait apparaitre, derrière le torse de belluaire en chandail du beau Jean Richepin, la barbe de Silène de Raoul Ponchon, mais le plus fidèle au poste était Courteline, avec sa petite moustache ébouriffée sous un nez gouailleur de bistrot faubourien. " C'est notre Molière ! ", disait de lui gravement Mendès qui l'admirait." Courteline que La Jeunesse n'a pas manqué de croquer ici.
Si La Jeunesse voit dans les cafés la source des ennuis financiers de Courteline, Waleffe encore lui, a une explication moins cruelle à ces soucis : " Brave Courteline ! Il déguisait sous cette rondeur gouailleuse, outre les souffrances d'une santé compromise, celles, plus prosaïques, d'une gêne financière qui ne demandait rien aux succès faciles. Ses petits actes drôles, vifs comme la poudre, l'avaient rendu célèbre sans l'enrichir. Il les composait minutieusement, en écrivain qui garde la coquetterie de sa langue. Ses manuscrits laborieux; il lui arrivait de les recopier ensuite, non pour le plaisir, mais pour l'argent que lui en offraient les collectionneurs d'autographes."
Auteur de L'Enfant d'Austerlitz, de la Ruse et de la Force, romans de l'épopée Napoléonienne, c'est en habit vert, lui qui ne fut "même pas Académicien", qu'apparait Paul Adam. La Jeunesse est lui-même l'auteur d'une Imitation de notre-maître Napoléon, où il ne cache pas son admiration pour l'empereur.
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