Ma semaine à Washington ne m’a pas vraiment fait changer d’avis sur l’intérêt de la ville endormie. Dans un contexte très différent de celui de juillet 2006, je dirais même que le pire s’est empiré. Invitation à plonger en apnée dans la cité qui retient sa respiration.
J’ai connu un Washington agité par la politique dans ses moindres recoins. A 45 jours des élections présidentielles américaines et au beau milieu d’une crise financière dont le traumatisme se lit dans toutes les conversations, la ville transpire littéralement la politique. Et les clims poussées à fond pour supporter l’été indien qui y sévit n’y changent rien.
Difficile de débuter une conversation sans préciser pour qui vous allez voter. Inutile de se réfugier derrière son statut d’européen, la remarque sera balayée d’un revers de manche : “tu sais quand même bien pour qui tu voterais si t’étais américain”… Tout le monde s’y colle, du portier de l’hôtel aux collègues de mon groupe de communication. Le président du Wall Street Journal avec lequel j’ai eu la chance de déjeuner demande même à ses convives de voter à main levée avant d’attaquer les infâmes sandwichs américains à la fausse mayonnaise. “Plus de 80% pour Obama, cette assemblée représente tellement peu la réalité de l’amérique”. Ce qui me frappe, c’est la peur viscérale que génère le candidat conservateur : tout le monde a une anecdote terrifiante sur son parcours militaire, ses 3 mois dans une prison où il passait pou fou furieux. Dans ce climat indécis, quelques experts se mouillent : “on est à 50/50, avec une carte bleue sur les côté, rouge au centre, ce sera aussi serré que la dernière fois mais c’est MacCain qui l’emportera”. Tout le monde plonge dans son sandwich…
Histoire de ne pas trahir la réputation des français, je la ramène autant que possible en posant les questions qui mettent le pied dans le plat.
Admettons que les américains soient prêts à élire une femme dont ils ignoraient l’existence il y a un mois et dont ils ne savent rien, serait-ce un raccourci trop violent ? Pas, à mon avis, si on considère que MacCain est vieux, malade et devra laisser sa place à sa vice-présidente Sarah Palin qui n’avait pas plus de visibilité ici qu’en France avant l’été. La réponse est sans appel : personne ici ne réflechit comme ça, soit.
N’est-ce pas étonnant que la crise financière soit si peu au coeur des débats et des analyses politiques dans les médias ? On me répond presqu’amusé que les américains ont toujours déconnecté la finance de la politique, comme s’il s’agissait de 2 mondes parallèles sans interconnexion. Je ne sais pas quoi en faire alors même que Georges Bush parle à la télé pour transformer son pays en “Etats-Unis de France” comme s’en gaussent certains. Ca ne fait rire personne dans mon groupe.
C’est dans ce climat aussi pesant que le taux d’humidité ambiant que j’ai retrouvé quelques incontournables de DC : partout des cravatés le jour qui se transforment en joggers à toute heure de la nuit, dans tous les coins des jetlagués qui remplissent notamment la salle de sport de l’hotel que j’ai pratiqué à 4h00 du matin, un aéroport toujours aussi peu convivial pour les non-résidents qui mettent 2h00 à passer toutes les vérifications pour rentrer, un Starbucks tous les 10 mètres…
Je prie pour que la prochaine réunion internationale se déroule à San Francisco ou New York. Ce sera plus probablement Los Angelès qu’il ne me tarde pas particulièrement de découvrir. Je prie aussi pour que les experts se trompent.