Dans un communiqué de la Fed publié mardi soir, on apprend qu'AIG fournira en garantie pas moins de 79,9 % de ses actifs. La Fed précise que son prêt est d'une durée de 24 mois et que le gouvernement disposera d'un droit de veto sur le paiement des dividendes.
La Maison-Blanche a annoncé qu'elle soutenait le plan de sauvetage.
AIG, un enjeu de taille
L'assureur américain AIG compte 74 millions de clients dans le monde, en majeure partie américains. En cas de faillite, ils se retrouveraient sans assurance.
AIG a dû déprécier ses actifs de 25 milliards de dollars, en raison de l'augmentation des défauts de paiement des propriétaires de maisons aux États-Unis.
L'entreprise emploie 116 000 personnes dans 130 pays.
Mardi, les trois principales agences de crédit ont décoté son titre, ce qui a fait plonger l'action à 3,75 $US. Il y a un an, elle valait plus de 60 $US.
Les marchés partagés
Les bourses d'Asie et d'Europe réagissaient mercredi en ordre dispersé. Si le sauvetage d'AIG rassure les marchés, la crainte d'autres mauvaises nouvelles reste présente.
Les marchés européens ont ouvert en hausse mercredi, après deux jours consécutifs de baisse. À la mi-journée, Paris et Francfort avaient regagné environ 0,5 %, tandis que Londres progressait de 1,29 %.
Les deux bourses de Moscou, le RTS et le Micex, ont suspendu leurs cotations, alors que le principal indice RTS perdait plus de 6,39 %. Le jour précédent, il avait reculé de 11 %.
En Asie, presque toutes les places de la région ont démarré en forte hausse, mais la tendance s'est inversée chez plusieurs. Le Nikkei de la bourse de Tokyo avait repris 1,21 % à la fermeture, suivie par la Corée du Sud, Taiwan, les Philippines et la Nouvelle-Zélande. En revanche, Hong Kong, Shanghai et Singapour ont toutes reculé de plusieurs points.
Mardi, le Dow Jones a terminé en hausse de 141 points (1,30 %) par rapport à son niveau de clôture de lundi. Le NASDAQ a remonté de près de 28 points (1,28 %) durant la journée.
À Toronto, l'indice S&P;/TSX a perdu 27 points (0,22 %) mardi, après un précédent recul de 515 points lundi, soit 4 %.
La Fed maintient son taux
La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé, plus tôt dans la journée de mardi, qu'elle maintenait son principal taux d'intérêt à 2 %. Elle a toutefois noté que les tensions sur les marchés financiers avaient « fortement augmenté ».
En juin dernier, la Fed avait mis fin à une série d'annonces de baisses en raison du risque d'inflation. La décision de la Fed survient au moment où le prix du pétrole brut est en net recul et où les données sur le commerce de gros s'améliorent.
Les banques centrales à la rescousse
Les banques centrales ont injecté des liquidités pour tenter d'apaiser les tensions sur le crédit.
* États-Unis: 120 milliards (70 lundi, 50 mardi)
* Union européenne: 100 milliards (30 lundi, 70 mardi)
* Royaume-Uni: 35,9 milliards
* Australie, Inde et Japon (cumulés ): 57 milliards
* Russie: 14 milliards
Note: La Banque du Canada se dit prête à fournir des liquidités « au besoin »
D'autres chutes à venir
Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), estime que le pire de la crise financière est peut-être encore à venir. Le dirigeant du FMI estime possible que d'autres géants de la finance s'effondrent.
Les racines de la crise sont connues, il s'agit de la chute des prix immobiliers. Mais les conséquences pour certains établissements financiers sont encore devant nous.
— Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI
Le directeur général du FMI a confirmé la prévision de l'institution disant que la crise financière coûterait 1000 milliards de dollars. Il a toutefois estimé que l'économie mondiale faisait preuve de résistance, ajoutant qu'elle devrait rebondir l'année prochaine.
Scepticisme du côté européen
Le président de l'Eurogroupe (un comité ad-hoc des ministres des Finances européens), Jean-Claude Juncker, se montre sceptique face à l'intervention du gouvernement américain. Il estime que les récents plans de sauvetage des principales institutions financières du pays vont éroder davantage les perspectives de croissance économique.
Celui qui est aussi le premier ministre luxembourgeois a ajouté que le sauvetage d'American International Group (AIG) par Washington aura un impact sur l'économie européenne.
Je ne crois pas que les événements auxquels nous assistons soient utiles pour la croissance générale.
— Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe
S'exprimant au cours d'une conférence, Juncker s'est dit surpris par le fait que le gouvernement américain intervienne dans l'économie, après s'être interdit de le faire pendant des années.
Le week-end dernier, les ministres des Finances des 27 pays de l'Union européenne se sont réunis à Nice. Ils ont refusé de mettre en place un plan de sauvetage de déductions fiscales destinées à relancer la consommation.
Rappelons que les marchés boursiers mondiaux sont ébranlés depuis le début de la semaine par la décision de Lehman Brothers, quatrième banque d'investissement en importance des États-Unis, de se placer sous la protection de la loi sur les faillites.
La banque britannique Barclays a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi la reprise de certains actifs de Lehman Brothers, au coût de 1.75 milliard de dollars. Barclays avait, dans un premier temps, renoncé à se porter acquéreur de Lehman Brothers.
Une autre banque d'investissement, Merrill Lynch, est passée sous le contrôle de la Bank of America lundi pour 50 milliards de dollars.