Khanh me demande pourquoi je pars. C'est vrai qu'on s'eclate bien et j'etais vraiment tous confort ici. Entre l'hotel, Christain, Khanh, tous ses potes, toutes les personnes que je connais dans differents cafe et resto, ... Une ville qui m'est vraiment intime et que j'ai appris a apprecier.
Mais. Toujours ce "mais". Malgre la difficulte de mes dernieres 3 semaines seul, j'en redemande. L'appel du vide, c'est vraiment ce que je ressens.
Je refais donc mon sac.
Quand je reste quelques jours dans un meme hotel, il est frequent que je m'attache aux gens qui y travaillent.
Je connais bien tous le monde ici. Tres bien meme. En particulier, mama big boss, que j'appelerai "robe-d'un-jour". Robe-d'un-jour doit avoir entre 45-50 ans (difficile a dire sur ce continent), un charme fou, gentille et douce comme la caresse d'une mere a son fils. Chaque jour elle s'habille avec l'une de ses robes vietnamiennes, toujours differentes. Si belle. Bien sur je lui ai dit, vous me connaissais. On s'apprecie, c'est le moins qu'on puisse dire.
Au moment de payer, je la contemple faire la note. "Arretez de me regarder comme ca" J'hausse les epaules et serre mes levres l'une contre l'autre, la fixant. Je paye et devoile mes faussettes, qui font un malheur ici d'ailleurs (merci papa, merci maman). "Vous etes tres mignon" Je souris et lui renvoie le compliment. "Oui mais je suis vieille" - "Vous n'en etes pas moins belle" - "Si j'avais ete plus jeune... Nous nous sommes rates vous et moi. Je me rappelerai de vos beaux yeux."
...
Alors la, ... Robe-d'un-jour me scotche ... Je ... ouah ... je .... mon sourire me trahie ... je ... comme si ... comme quand ... je ... Ouah.
Avant que j'ajoute quoique ce soit, elle me dit aurevoir. Je me recentre ... Je m'incline : "Merci. Merci beaucoup."
Ivre de ce que je viens de vivre, je pars, vers l'avion.
J'ai l'impression que je rentre au pays. Apres ca en plus, y a comme une ambiance d'adieu. Dans le terminal je tente de me convaincre du contraire. "Hanoi. Repete apres toi : je vais a Hanoi". Mouais, pas tres convaincant.
Nous decollons avec le couchant. Alors, j'en veux un peu au pilote. Il aurait pu prevoir le coup et decoller un quart d'heure plus tot. Il va bientot faire nuit et nous slalomons entre des montagnes de nuages immenses que des eclairs, et clairs, eclairent de l'interieur, le crepuscule comme fond d'ecran. "Je vais a Hanoi, je vais a Hanoi ... "