Magazine

Son La

Publié le 28 septembre 2008 par _julie

Ce matin, il ne pleut plus. Il ferait presque beau meme.

Je prends un dernier petit dej qui clos le cycle delicieux des mets concoctes par la maman. Elle me dit que si je veux, je suis le bienvenu. Que je n'hesites pas a revenir si la route est trop difficile. Elle me chouchoute jusqu'au dernier moment. Avec les mamans, j'ai toujours eu la cote.

C'est repartie !

Et j'en suis bien content. Pas une goutte ... pendant 60 km. Et puis un peu, et un peu plus, et encore plus. Je protege comme je peux mon sac a l'arriere de la moto. Pour ma part, le grand cire que je me suis achete et qu'ils ont tous ici, m'est assez efficace. Ca fonctionne pas trop mal, si ce n'est qu'avec cette pluie, ma cadence a nettement ralentie. Les fleuves sont copieusement pourvus d'eau, la route par endroit barree par les eboulements. mais ca passe. Ils ont fait des passages a coup de bulldozer.

Maintenant, c'est devenu un combat. La pluie fait rage. Je commence a etre bien mouille, mais je me soucie surtout de mon sac. J'ai voulu prendre des photos et entre la boue et l'eau, la touche zoom avant ne marche plus. Je decide de ne plus le sortir. Je le ferais secher a l'hotel, en esperant que ca ne soit pas grave.

J'arrive enfin au niveau du dernier gros col. Je m'accorde une pause. Ca fait 3 heures que je roule, et a part les pauses photos, je ne me suis pas vraiment arreter. J'ai super froid, je suis tremper, mais le moral est bon. En haut des grand cols il y a toujours des petites cahutes, point de ravitaillement des galeriens comme moi en ce jour. Je rejoins 6 autres galeriens deja installes. On est tous gele, on est tous trempe, mais on a tous le sourire.

Autour d'un grand cafe, je fais un petit debriefing : Je suis partie a 8h45. Il est 12h. Il me reste en 40km, ce qui fait que j'ai fait 133km en 3h15. En meme temps apres c'est assez plat, ce qui devrait le faire.

En route. ca commence tres bien. Il pleut toujours beaucoup mais la route est degage, plate et je peux avoir une vitesse de croisiere un petit peu plus sympa. Il me tarde de prendre une bonne douche chaude.

Km 150. 3 camions et plusieurs motards sont arreter. Face a eux, la route, innondee. Un fleuve la traverse sur une trentaine de metre. Il m'arrete. Il me font comprendre que je ne pourrais pas passer et ils me proposent de mettre la moto dans le camion pour 5 000 dongs. Moi je dis que c'est couillon de risquer de mouiller toutes ses fringues et de noyer la moto, surtout pour 5 000 dongs. Ca me parait tres honnete. En disant oui, je me rends compte que c'est pas 5 000 mais 50 000 dongs qu'ils veulent. Comment ils abusent ! Ca m'ennerve. Ca m'ennerve et j'ai une russe entre les jambes. Une russe qui, parait il, passe partout. C'est le moment de verifier. Alle, sans audace, pas de gloire.

Je m'y engage. Le courant est fort et je me suis mis en 1ere. Ne pas ralentir, ne pas s'arreter. Mon filtre a air est assez haut. Legerement au dessus de mes genoux. Les genoux seront donc ma limite. Tres vite, l'eau me prend les cheville puis monte j'usqu'au bas de mes genoux. La, la profondeur se stabilise. J'espere juste que la route est degagee, qu'il n'y a pas un trou en plein milieu. Elle remonte encore un peu, approche de ce que j'ai decider etre critique. Je ne peux pas faire marche arriere et l'issue est a quelques metres. J'accelere et .... yes ! Sortie. Elle se debrouille cette soviet.

2 Km plus loin, la meme. Je vois des gens traverser a pied. La profondeur m'a l'air acceptable. Je passe, et ca passe.

Je continue un peu. Une file de camion totalement arreter s'etend devant moi. Ca sent pas bon la. Des poteaux telephoniques sont en travers de la route, des coulees de boues, des arbres. Je passe tout ca et arrive a un autre barrage d'eau. La il y a 2 motards. La distance est beaucoup plus grande, une cinquantaine de metre, et la profondeur aussi. Je vois 2 personnes au fond qui ont de l'eau j'usqu'au dessus de la taille. 2 Villageois ont construit un radeau de fortune avec des bambous. Je vais voir de quoi il a l'air. Non. Des que je vais mettre la moto la-dessus, ca se refermera sur moi comme une plante carnivore. Je demande a un des motards si il n'y a pas un autre chemin, il doit y en avoir un. Il y en a un en effet. Lui aussi va a Son La. Il me propose de le suivre. Nous faisons demi-tour. Nous demandons notre chemin de temps a autres. Nous sommes en pleine campagne et c'est vraiment top. Apres quelques embuches, nous revoici sur la nationale. Son La, 18 km.

3 km plus loin, la route, innondee, encore. La, ca doit l'etre sur une centaine de metre. Difficile a dire car il y a un virage. La vallee est saccagee, les rizieres couchees, les routes innondees. Pas grave, tout le monde a le sourire. Sur ce bout de route innondees, les villageois on sorties les filets a crevettes et ils pechent. Sur la route ! Je creve de ne pouvoir prendre de photos. Ce pays est dingue.

Je la tente. Arrivee dans le virage, je vois que la portion sous eau est encore longue. Le courant est tres fort et ca a l'air profond. Je ne suis pas vraiment sur de moi. Non. ce serait trop con de rester la, en carafe, a 15 km de Son La. On va contourner, comme celle auparavant. En retournant hors de l'eau, je croise tout ces pecheurs d'un jour. "Alle je veux pecher moi" me dit elle avec un grand sourire. Et ma moto l'empeche de poser son filet. Un des pecheurs m'arrete. Il me dit plein de truc que je ne comprends pas. Ca fait rire tout le monde. Je pense qu'il me charie, et chacun rajoute la sienne. Et il me parle, et ils rigolent la au milieu d'un fleuve, un fleuve qui passe sur une route, une route sur laquelle ils pechent. J'ai de l'eau jusqu'en haut des tibias mais c'est pas grave. Je ne pourrais pas etre plus mouille que je ne le suis deja, et je rie, je rie de voir ce peuple au-dela de ce qui sera, mais toujours a fond dans ce qui est.

Me voici hors de l'eau. Je retrouve mon "guide" de tout a l'heure. Il me regardait papoter et patoger. Il a demande a un gars la route, et celui ci se propose de nous amener. La campagne, encore, magnifique. Et puis nous arrivons a un village. Un intersection. Le guide s'arrete et nous montre le chemin. Et voila les 2 qui discutent. Je vois pas trop de quoi, mais bon. J'attends. Je leve la tete et face a moi, 2 panneaux : Son La 14km  -  Mai Son 18km. Maison, 18 km. Je reve, Je suis creve, trempe, j'ai froid et sous mes yeux, maison 18km. Je rigole tout seul et m'excuse aupres de mes compagnons qui n'ont pas trop compris pourquoi. Apres avoir fait la cour a 2 tres charmantes demoiselles dans une des maisons sur la gauche, et une fois que ces 2 messieurs ce sont echanges je sais pas quoi, je demande ce qu'on attend, la. "Money". Aaaaaahhhhhh ... Tiens. 20 000. 10 000 pour moi et 10 000 pour lui. C'est bon? on peut y aller?

On repars. Chemin faisant je separe un mec qui attaquait sa femme a coup de pelle. "Faut vite que j'arrive". Je me separe de mon compagnon d'un jour. Juste avant Son La, encore. Oh noooooooooonnnn. J'en peux plus. Je prends le 1ere camion qui vient, y fout la moto. On traverse. 10 000 dongs. Ca c'est honnete.

Et enfin, oui enfin j'arrive a l'hotel. Il est 15h45. J'ai mis 3h30 pour faire 40 km. Je vais bien reflechir avant de partir pour Sapa demain. Je crois qu'il ya 200 et quelques bornes ...


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


_julie 7 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte