La crucifixion, selon le christianisme d’aujourd’hui, ne fut qu’une lamentable erreur judiciaire.
Une révolution est légitime uniquement lorsque le révolutionnaire sent dans la moelle de ses os que la société contre laquelle il se soulève est, légalement, coupable de rébellion.
N’espérons pas que la civilisation renaisse tant que l’homme ne se sentira pas humilié de se consacrer corps et âme à des tâches économiques.
Il a été donné à ce siècle d’inventer le pédantisme de l’obscénité.
La ferveur du culte que le démocrate rend à l’humanité n’a d’égale que la froideur par laquelle il manifeste son manque de respect pour l’individu. Le réactionnaire, lui, dédaigne l’homme, sans trouver aucun individu méprisable.
Le Progrès se réduit finalement à voler à l’homme ce qui l’ennoblit, pour pouvoir lui vendre au rabais ce qui l’avilit.
Les anciens despotismes se contentaient de confiner l’homme dans sa vie privée, ceux à la mode du jour préfèrent qu’il n’ait qu’une vie publique.
Pour domestiquer l’homme, il suffit de politiser tous ses gestes.
Les trois ennemis de l’homme sont : le démon, l’Etat et la technique.
Le capitalisme est abominable parce qu’il assure la répugnante prospérité promise en vain par le socialiste qui le hait.
Quand la patrie n’est pas le territoire des temples et des tombes, mais une simple somme d’intérêts, le patriotisme est déshonorant.
Les insolences de l’adolescent ne sont que les ruades de l’âne qui se fait à son écurie. Tandis que l’insolence de l’adulte qui secoue soudain de ses épaules les années de patience sous lesquelles il s’est courbé est un spectacle admirable.
L’éthique doit être l’esthétique du comportement.
Le christianisme n’a pas inventé la notion de péché, mais celle de pardon.
Il y a deux sortes de niais :
Ceux qui « veulent être comme les autres »,
Ceux qui « ne veulent pas être comme les autres ».
Nicolas Gomez Davila, Les horreurs de la démocratie