Vendredi du Vin #18: quand cela pinote dans le verre

Par Irislisson
Le temps vient encore de passer trop vite - pas étonnant, avec les vendanges en cours... Même si le beau temps ces dernières deux semaines a ramené beaucoup plus de sérénité, qu'il y avait dans l'air encore fin août. Et c'est donc de nouveau le dernier vendredi du mois et le temps de se pencher sur le devoir mensuel, ce-coup-ci de nouveau posé par Rémy du blog à chacun sa bouteille: "À vous de nous dire ce qui constitue pour vous du “vrai” pinot noir." Rien que cela!
Le vrai
- est-ce que cela existe? Pour avoir un consensus général, il serait facile de ressortir  mes notes de dégustation d'il y a trois ans, quand j'avais la chance et le grand plaisir de déguster cela:

Mais là-dessus, tout était déjà dit et raconté dans les débuts de ce blog.
Pour la treizième édition des Vendredis, je vous avais présenté un Pinot Italien, le Rosso N° 13, dans une gamme tout à fait différente - mais à mon goût pas moins vrai... à la couleur bien différente:

Les Pinots alsaciens, comme ceux de Bruno Schueller et Pierre Frick, que j'ai encore en cave et qui vont si bien avec nos repas japonisants, auront aussi pu être à l'honneur ici - mais en ce moment, la cuisine des vendanges est plutôt rapide et n'invite pas à la dégustation:-)
Soyez donc indulgents, chers lecteurs, si je ne vous présente qu'un Pinot, qui dois encore nous prouver, s'il sera un "vrai" - un vin en herbe - que je goûte chaque jours à la sortie de sa petite cuve. Cueilli avec soin un beau jour début Septembre dans la parcelle du Clos du Curé, il fermente - après une phase fougueuse  plein de mousse - tranquillement en haut de la maison, en train de "manger" les derniers grammes de sucre (il en avait pour presque 14° potentiel):

D'un rouge profond et soutenu, onctueux dans le verre, un peu opaque, parce que pas encore débarrassé des levures, qui ont encore un bout de travail à accomplir, légèrement gazeux sur la langue - mais déjà un "vin" au nez, en bouche plein de fruits, rouges et noires, une belle trame tannique, presque chocolatée, une acidité discrète, mais présente, qui perce sous le goût sucrée, qu'il laisse encore en fond de gorge - oui, il a tout pour devenir un vrai - pas bourguignon, mais bien de Lisson, où il est né sur les terres calcaires en haut de la colline, cette année, qui a débutée avec une bonne réserve d'eau dans les terres - balayé ensuite par des vents plutôt frais du printemps et d'une bonne partie de l'été,  qui l'ont sauvé du Mildiou menaçant et mûri au soleil de la fin d'été... (et décimé avec gourmandise - non, pas par les sangliers, exclus par la clôture - ... par des blaireaux , Meles meles - mais c'est encore une autre histoire...).


Il est encore loin, le chemin jusqu'à la bouteille. Dans quelques jours, il va descendre par gravité dans le berceau d'une barrique à la cave, où il va passer son premier hiver, qui va le clarifier sous la fraicheur de la voute - au printemps, il va être soutiré de son lit de levures, pour passer l'été à l'ombre, en s'harmonisant, changer encore, évoluer en mûrissant un deuxième hiver, avant d'être mis à l'épreuve d'une dernière dégustation, qui décidera, s'il mérite l'étiquette du Clos du Curé, comme Vin de très bonne Table - bon chemin, mon petit, je promets de  t'accompagner avec soin et amour...