Le charme de Marie
Mise à part sa prestigieuse parenté, rien ne semble a priori distinguer Marie Modiano de la cohorte des chanteuses folk de sa génération, Keren Ann en tête. Climats cotonneux, voix qui invite à la confidence, guitares acoustiques délicates. Bref, tout y est, jusqu’au moindre susurrement…
Tant d’analogies ont de quoi agacer, et pourtant le charme opère. Il y a d’abord la voix de Marie Modiano, ce timbre grave et profond au pouvoir de séduction indéniable. Plus agile que sur son précédent opus, la chanteuse sait désormais varier ses effets, comme sur le très entraînant Tightrope Walkers. Dans un anglais impeccable quoiqu’un peu scolaire, les chansons reflètent cette nouvelle aisance. Les balades introspectives des débuts ont laissé place à des séquences narratives tout droit tirées d’Hollywood et du Far West – Searching For Pearl et ses références au film la Nuit du chasseur avec Robert Mitchum – ou à des rêveries impressionnistes.On songe inévitablement à Nancy Sinatra et Lee Hazelwood. La production de Peter Von Poehl, également co-signataire de la plupart des musiques, rend plus évident encore le parallèle. L’ex-guitariste d’As-Dragon insuffle à l’album, enregistré en Suède, une dimension pop quasi épique grâce à des harmonies surprenantes et une science aigüe de l’arrangement "gainsbourien". Lorsque la mélodie fait mouche, cela donne quelques réels moments de grâce, comme l’onirique Drifters in the Wood. Ne boudons pas notre plaisir…