Être auteur, un métier difficile ? Ha, ha, ha ! Mais non, ce n’est rien du tout, il suffit d’écrire ce qui vous passe par la tête, d’ajouter quelques adjectifs rares pour faire plus chic, de vérifier les fautes d’orthographe, puis, tout bien réfléchi, d’enlever les adjectifs rares pour faire moins pédant.
Le seul truc complexe, dans le métier d’auteur, c’est d’en parler. Parler d’une œuvre, ce n’est déjà pas facile. Mais parler de plusieurs en même temps, c’est à vous décourager de les écrire. C’est un peu comme danser le tango et la salsa durant les mêmes trois minutes. C’est ce que je fais depuis trois jours, en y ajoutant le rock et la valse.
Mardi, je viens devant la force de vente Volumen qui travaille pour mon second éditeur, le Castor Astral. Deux réunions consécutives (une devant la force de vente du circuit « grandes enseignes », une autre devant celle spécialisée en librairies indépendantes). Il s’agit de présenter mon prochain roman « Le film va faire un malheur », qui sortira en fin décembre. Il est peut-être un peu tôt pour que je vous en dise du bien ; mais, en ce qui concerne les équipes de la force de vente, ça devenait urgent. Il y a déjà un an que j’ai bouclé ce roman, avant Qui comme Ulysse. Il est écrit dans un registre différent : humour noir, description féroce des mondes du cinéma et de la publicité. Le hic, c’est que je ne l’ai plus suffisamment en tête pour bien en causer : je parle de deux personnages principaux, alors qu’il y en a trois. Heureusement, mon éditeur me souffle « Clara ». Ah, oui, bien sûr, Clara ! Et voilà qu’on reparle, dans la foulée, du premier roman, « Le Vertige des auteurs » qui n’a pas mal marché. Ne pas s’embrouiller, rester calme. Ce n’est pas si facile quand vingt commerciaux vous fixent avec l’œil gentiment inquiet d’un jury de doctorat.
Mercredi, longue interview radio à Lille, pour le lancement de « Qui comme Ulysse », avec la journaliste de France-Bleu Nord, Agnès Delbarre. Elle a beaucoup aimé, ce qui crée une bonne ambiance : comment peut-on faire la gueule à une journaliste qui non seulement a bien aimé, mais a bien lu et bien compris l’œuvre de l’auteur ? Excellente intervieweuse qui me met tellement à l’aise que je me crois constamment en train de prendre un café avec elle. Nous avons ainsi devisé gaiement durant trois quarts d’heure. Elle va devoir monter tout ça en un quart d’heure et je lui souhaite bien du plaisir : finalement, j’ai bien fait de devenir écrivain plutôt que journaliste.
Jeudi, interview-présentation au Furet du Nord devant une assistance d’environ 10.000 personnes (je ne saurai jamais le nombre exact, je ne regardais que le premier rang ; et plus exactement la dame rousse qui me souriait mais ne m’a même pas demandé de dédicace en partant, à moi qui lui rendais ses sourires, c’était bien la peine !). Frédéric Launay, le journaliste, a le chic pour poser des questions imprévues, très rebondissantes. Mais voilà, une de ses premières questions parle de mon second recueil, « L’Étage de Dieu », consacré au monde de l’entreprise, qu’il avait apprécié, a-t-on idée ! Et là, le vide total, j’ai beaucoup de mal à rebondir. Ça repart : avec Frédéric Launay, la seule attitude jouable, c’est de rester sincère, naturel, ce que je fais… je suis donc complètement inintéressant. Pour capter le public, je dois être biaiseux et dissimulateur, comme je le fais aujourd'hui dans ces lignes, ça marche beaucoup mieux.
Et en fin d’interview, une gentille voix dans la salle me demande… ce que je suis en train d’écrire en ce moment. Séquence charleston !
Tout ça pour vous dire que, durant ces trois jours, je n’ai vraiment pensé qu’à une chose : la page où je vous expliquerai ma stratégie bloguesque (séquence mambo). Je commence à y voir plus clair, c’est terrifiant. Ce sera l’objet d’un prochain billet, le suspense est insoutenable.
Je ne savais comment illustrer ce billet, alors j’ai ajouté le visuel de la couverture de La Diablada. Comme je n’en avais pas parlé dans ce billet, vous auriez pu vous inquiéter. Séquence fox-trot.