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Le tome #11 de la série Punisher met en vedette les veuves des mafieux que Frank Castle a éliminés. Elles ont la motivation nécessaire et plein de bonnes idées pour se venger. Et elles savent manier les flingues.Depuis le temps que Castle expédie des criminels en tout genre en enfer, il a laissé derrière lui une certaine quantité de veuves moins éplorées que bien décidées à lui faire payer le prix fort. Lâchées par les clans mafieux, elles s'unissent dans le but de réussir là où tous les hommes ont échoué. Le Punisher, lui, ne voit pas le coup venir. Il faut dire qu'il a un faible pour les jeunes demoiselles en détresse et que cela pourrait bien devenir une faille mortelle. A moins que le salut ne vienne d'une autre femme...une femme qui a tant souffert qu'elle en a perdu son humanité. Une âme soeur presque...Le scénario est de Garth Ennis (Preacher, Ghost Rider, The Boys). On commence à connaître le gaillard. Irrévérencieux, parfois même "trash", l'auteur manie à merveille les situations les plus glauques dans un déferlement de sexe et de sang. La collection Max (hors continuité mais surtout réservée aux oeuvres les plus sulfureuses) semble presque être faite pour lui. Il nous a d'ailleurs souvent prouvé, aux commandes de l'on-going du Punisher, que le personnage était fait pour lui.Ennis apporte cette fois une touche très féminine à l'histoire. Le Punisher, bien qu'au centre de toutes les pensées, en est presque mis de côté. Aux cinq veuves qui vont se liguer contre lui s'opposeront une autre femme, brisée et embrassant la même voie que Frank, et un flic, ne tuant que s'il y est obligé et symbolisant l'autre face de Castle. Car, même si ce polar bien castagneur est avant tout un divertissement fort bien conçu, Ennis continue à mettre en place ses interrogations sur la monstruosité, la perte de l'empathie et les abysses de l'âme. Il ne s'agit évidemment pas d'un traité philosophique mais le Punisher, aussi dur qu'il soit, est traité par Ennis d'une manière fort subtile. Sans approuver totalement ses actes, il n'en fait pas un salaud ou un fou non plus, juste une personne ayant dépassé le stade ultime de la souffrance et cherchant la rédemption au travers d'un idéal de justice si absolu, si total, si abrupte qu'il en devient, au choix, magnifique ou effrayant.L'histoire de l'ami Garth est illustrée par Lan Medina dans un style réaliste qui n'en rajoute pas dans les effets gore. Il est accompagné par Bill Reinhold à l'encrage et Raul Treviño à la colorisation. Le trio nous livre des planches travaillées et cohérentes qui rendent visuellement justice à l'écriture d'Ennis. Les sept épisodes présents dans ce volume s'enchaînent parfaitement et se dégustent avec un plaisir certain. En fait, l'on pourrait même se dire que la plupart des arcs écrits par Ennis pourraient s'adapter au cinéma (surtout quand l'on voit la pauvreté de certaines adaptations (sinon toutes !!)) avec les comics comme storyboard. Mais bon, c'est une autre histoire... ;o)Un Punisher brutal, comme il se doit, mais transcendé par un scénariste qui utilise la violence et le côté cru de ses dialogues pour enrober une réflexion sur l'humanité bien plus violente encore. Un comic noir et lucide à conseiller aux lecteurs réellement "avertis".