J’ai pu le dire à plusieurs reprises dans ce blog : j’adore la société Troma et ses productions irrévérencieuses. Des titres comme Toxic Avenger, Sergent Kabukiman ou Troméo et Juliette ont permis petit à petit de bâtir la légende de la firme… jusqu’au tout récent Poultrygeist, meilleur film Troma, réalisé par son fondateur Lloyd Kaufmann. James Gunn est un des jeunes poulains de l’écurie. S’il s’est ensuite fait un nom sur les mauvais Scooby Doo 1 et 2, il décide de revenir à ses premiers amours gores avec le scénario de L’Armée des Morts de Zack Snyder puis en écrivant et réalisant Horribilis.
Horribilis – Parasite et ketchup
Grant est le citoyen le plus aisé d’une petite bourgade américaine. Il a épousé la plus belle fille de la ville qui s’est mise avec lui pour son argent mais refuse régulièrement de coucher avec lui. Parti se consoler un soir en forêt dans les bras d’une autre, Grant se fait contaminer par une créature étrange extraterrestre sortie d’une météorite. Petit à petit, le comportement de Grant change, mais son corps aussi, et il semble lui pousser d’étranges tentacules. Il est devenu l’hôte d’une créature destructrice cherchant à annihiler toute vie humaine…
Après un passage étrange au rayon Scooby Doo, James Gunn se fait les mains sur l’armée des Morts, revival boosté aux hormones de Zombie de Romero. Il enchaîne en pondant un script bien cracra comme on peut les affectionner chez Troma. Son but est simple : retrouver le feeling des productions horrifiques des années 80, qui faisaient encore la belle part aux effets spéciaux de plateaux.
A une époque où tout passe par le digital, avec souvent un effet distenciateur sur le public, il est bon de constater que certains veulent retourner à quelque chose de plus tangible, et du coup plus efficace. A titre personnel, mon film gore/d’horreur préféré reste The Thing de John Carpenter, en raison de l’excellence de son ambiance et des effets spéciaux bien gores à chaque fois que l’hôte invisible joue avec les différents membres du corps qu’il occupe.
Horribilis surfe sur le même feeling et s’en donne à cœur joie pour proposer du gore cracra à ses spectateurs. Vu la complexité et la réussite des maquillages employés, on ne peut qu’avoir une petite pensée pour Michael Rooker qui incarne Grant et qui a vraiment du en baver sur les prothèses. Avec une approche extrêmement charnelle des SFX, le film fait parfois penser à Society de Brian Yuza, avec sa scène de partouze finale ou les corps se mélangent n’importe comment.
Le film y rend un bel hommage avec un concept simple hérité de la biologie. Certains insectes ont ainsi une intelligence de groupe, une sorte de conscience partagée. Et c’est sur ce schéma que l’intrigue est construite. Grant devient l’hôte qui va essaimer son esprit et ses pensées un peu partout au travers des nouvelles infections qu’il va produire. Détruire la tête pensant revient alors à détruire l’essaim.
Le film a quelques belles idées : comme cette femme contaminée grossissant à vue d’œil jusqu’à remplir une grange, avant d’exploser en libérant ses enfants… ou encore ces tentacules libidineuses renvoyant directement au Hentaï, en cherchant à pénétrer les corps étranger avec insistance. On doit également au film un très beau plan, lorsqu’un ver essaie d’infecter une femme dans la baignoire, en s’approchant d’elle tel un requin…
Horribilis est donc une honnête série B, assumant son gore potache et finalement peu novateur. C’est un film généreux qui ne lésine ni sur le sang ni sur les effets spéciaux sympa, nanti d’un casting solide (Michael Rooker donc, mais aussi Nathan Fillion et Gregg Henry deux têtes qu’on voit souvent dans des petits rôles, et Elizabeth Banks (Seabiscuit, Spideman 1,2 et 3…). A noter une courte apparition de Rob Zombie et de Lloyd Kaufman, et il me semble également avoir remarqué un caméo de James Gunn lui-même. Horribilis est dispo en DVD.