Sur l'échelle des traumatismes, il me semble que subir une piqûre peut être classé largement plus haut que sortir de la baignoire, se (faire) moucher, avaler un comprimé, quitter le parc, se (faire) laver les mains, devoir reposer la télécommande, prêter son râteau à un autre enfant, enfiler des chaussons, entendre le bruit de l'aspirateur, avoir un peu d'eau dans les yeux ou se faire nettoyer les oreilles avec un coton tige. Surtout que la pédiatre m'avait prévenu, les grands laboratoires ne sont pas forcément les meilleurs, et on n'est jamais à l'abri de tomber sur un stagiaire charcutier qui n'a pas encore été correctement réorienté. Ce matin, donc, avant d'aller chez Ketter Thill, j'avais tout prévu :
Le doudou, la tétine, le petit biscuit, le jouet démoniaque qui fait de la musique, le coup de téléphone pour savoir s'il y aurait une infirmière spécialisée dans les piqûres sur petits bébés, l'heure de la prise de sang (le ventre plein et vingt minutes avant le début théorique de la sieste). J'avais révisé les comptines. Les infirmières sont venues à 3. Le fauteuil était très enveloppant et mes bras pas si musclés que ça mais quand même.
Enfin, je croyais avoir tout prévu.
Mais pas ça :
Hélène a bien aimé aller au laboratoire pour se faire piquer le bras et tirer un peu de sang. Elle y serait bien restée encore vingt minutes pour faire des sourires aux infirmières et aux patients de la salle d'attente. Quand on essaiera le dentiste, je vous ferai signe, mais pour l'instant il n'y a pas encore trop de matière...