Certaines photos sont de vrais challenges : une texture à faire ressortir, un produit sombre, un étui aux tons subtils, une mise en scène particulière... Et là, il faut trouver le photographe avec qui l'alchimie va se faire, qui va regarder votre produit avec amour on pourrait dire, pour faire cette photo sublime qu'on espère. C'est comme un portrait : certains sont plats et figés et d'autres donnent envie de rencontrer la personne, tellement émane de la photo un charme qu'on n'aurait pas forcément vu dans la vraie vie. Pour un produit ou une texture c'est pareil. La photo doit créer cette relation spéciale avec ceux qui vont la regarder et se dire : ouaaah, il est beau ce produit, j'ai envie de l'essayer / la texture a l'air agréable, je voudrais la toucher...
De la triche ? Non, un regard d'artiste ;)
Voici le regard partagé de 2 de ces artistes photographes qui reviennent régulièrement sur le chemin de Galerie Noémie : Fabienne Nury et Daniel Podva, dont vous pouvez découvrir le travail sur leur site http://www.2regards.com/
Pourquoi avoir choisi de travailler à deux ?
Daniel et Fabienne : Parce que deux est la base d'opération idéale dans cet univers. Seul on accomplit peu de chose.
Est ce que vous travaillez à deux vraiment ?
Daniel et Fabienne : Parfois oui, parfois non. Cependant quelle que soit la situation, l'autre est toujours quelque part présent et cette présence est un travail à deux. Souvent chacun suit ses dossiers car certaines images ne nécessitent pas deux personnes pour les réaliser, dans d'autres cas on se consulte mais quel que soit le pourcentage de participation de l'un ou de l'autre, aucune photo n'est faite entièrement, totalement seul.
Vous considérez-vous comme amis, collaborateurs, autre ?
Fabienne : Nous ne sommes ni amis, ni amants mais plutôt des partenaires, une sorte de lien un peu mystique nous uni, je le considère comme mon père spirituel.
Qu'est ce que tu aimes dans ce métier ?
Fabienne : J'aime l'esprit de la photographie, l'atmosphère du studio, la sensation d'un appareil en main, le déballage de matériel pour l'élaboration d'une lumière, la relation qui se crée avec les clients autour d'une image et surtout, surtout, j'aime cette liberté créative, cette sensation de me retrouver avec moi même, d'entrer dans mon intégrité, ce vent du large que me donne la réalisation d'une image. Cette joie se double du plaisir de prendre les choses en main, de savoir que des gens attendent et espèrent quelque chose de moi et que j'ai la responsabilité et le devoir de ne pas les décevoir. C’est un domaine assez complet. Il faut être artiste, comptable, manager, technicien, savoir bien communiquer, savoir poser des questions, écouter, comprendre. Apprendre à négocier, ne pas se laisser se marcher sur les pieds, contrôler des situations, diriger des gens, rassurer les clients et parfois débroussailler les confusions qu'ils ont dans la tête. Ne pas laisser entrer de gens négatifs dans mon espace. En gros c'est un métier qui aborde des aspects essentiels et très variés de la vie et cela m'épanouit. J’aime beaucoup cette maxime : Fais ton job sérieusement mais ne te prend pas au sérieux.
Qu'est ce que la beauté à vos yeux ?
Daniel : La beauté est le point de conjonction de tous les rêves de l'homme. Elle est simple,basique et vraie. Nous vivons une époque où certains essaient de faire passer la laideur, la complexité, la déprime et l'incompréhensibilité pour de l'art. C'est de la duperie. La beauté est positive et constructive. Elle est l'arrangement le plus harmonieux de toute chose. Une personne saine crée un sentiment d'admiration, d'apaisement et une ouverture sur le futur. La beauté, l'esthétique ne peuvent atteindre leur plein accomplissement sans un certain mystère et ce mystère est obtenu par de légères altérations, parties cachées, erreurs volontaires qui donnent ce qu'on appelle le charme. La beauté ne s'altère pas, elle échappe aux modes et transcende le temps. Elle est l'essence même de l'humanité. Ainsi, les animaux des grottes de Lascaut peints il y a 25.000 ans, parce qu'ils contiennent des altérations, des mystères et un tour de main extraordinaire sont la réponse la plus tangible à cette question.
Fabienne : la beauté c’est quelque chose d’indémodable
Comment es-tu venue à la photographie ?
Fabienne : à 15 ans en feuilletant un VOGUE, je suis tombée sur une photo d’Irving Penn, la décision était prise, je serais photographe. J’ai suivi le parcours classique de ce métier, d’abord en tant qu’assistante et puis j’ai pris mon envol. J’ai beaucoup travaillé dans la mode mais toujours en nature morte, puis j’ai rencontré Daniel et une nouvelle voie s’est ouverte. J’ai découvert la cosmétique, un univers esthétique, féminin où la matière, les odeurs sont omnisprésents. J’aime travailler la matière, je suis dans mon élément lorsque je dois travailler la texture, je me sens un peu comme un grand chef dans une cuisine qui élabore une nouvelle recette. J’adore les parfums, je suis d’ailleurs une addict d’Expeau, mais je ne suis pas fidèle à une seule fragrance, j’aime changer selon mon humeur, selon le moment.
crédit photo : Fabienne Nury et Daniel Podva