Et si nos opinions politiques n’étaient pas façonnées uniquement par l’éducation et l’expérience ? Et si, être de gauche ou être de droite, était une histoire de biologie ? Questions saugrenues posées par des chercheurs de l’université de Lincoln, dans le Nebraska.
Dans la conclusion de leurs travaux, publiés la semaine dernière dans la revue Science, Douglas Oxley, Kevin Smith et leur équipe estiment qu’il existe une cause biologique aux opinions politiques “bien que les expériences personnelles soient prépondérantes” dans ces choix. Un petit échantillon de 46 cobayes, fervents démocrates ou fervents républicains ont participé à deux expériences.
Ils ont d’abord été soumis à une série de 33 photos, dont trois “effrayantes” : une araignée velue, une personne au visage ensanglanté ou des asticots dans une plaie ouverte… Les chercheurs ont mesuré la conductance électrique de leur peau lors de la vue des ces photos terrifiantes. Grandeur reconnue pour être corrélée à un état de stress.
Lors de la deuxième expérience, les cobayes ont été soumis à un bruit aussi fort que soudain. Et là, ce sont les clignements involontaires des yeux qui ont été observés.
Conclusion : il existe des différences significatives dans les comportements des personnes étudiées. Et ces différences “correspondent” aux opinions politiques. Les personnes qui ont “une sensibilité faible aux bruits soudains et aux images menaçantes ont tendance à être libérales [démocrates, de gauche]” tandis que celles qui ont eu une réponse physique forte sont plus conservatrices. La différence entre gauche et droite, téméraires et froussards se situerait dans le cerveau, probablement dans la région du complexe amygdalien.
L’idée d’une influence biologique -et donc génétique- des opinions politiques n’est pas nouvelle. Début 2008, des chercheurs avaient montré que dans 4 cas sur 5, les vrais jumeaux ont des opinions politiques similaires contre seulement deux tiers des faux jumeaux.
Pourtant, ces protocoles expérimentaux et les conclusions qui ont suivi ont été vivement critiquées, notamment dans la blogosphère scientifique.
Il pourrait donc exister des têtes brûlées de droite et des arachnophobes de gauche.
Source: Oxley D. R., Smith K. B., Alford J. R, Hibbing M. V., Miller J. L., Scalora M., Hatemi P. K., Hibbing J. R. 2008. Political attitudes vary with physiological traits. Science 321:1667-1670. doi:10.1126/science.1157627
Photo: Times Online