Dans son journal, Holger Nilsson explique comment sa femme a été tuée par le Näcken, qui est présenté par le groupe comme un équivalent suédois populaire de Satan, mais qui semble surtout, d'après Wikipedia, être l'équivalent masculin d'une nixe, et tient en tout cas la fonction d'un genius loci à caractère maléfique. On a notamment un très beauet suggestif nokken norvégien représenté par Kittelsen.
Cult of Luna, dans les paroles de son album et le déroulement de ses morceaux, ne ferait que reprendre, à sa manière, l'histoire de Holger et son univers de forêt nordique peuplée de bons et de mauvais animaux se livrant une lutte éternelle. L'histoire ressemble point pour point, sinon à un conte de fées, du moins à un récit tiré du folklore, type mémorat ou légende. Je ne sais pas si ce journal de Holger est une invention complète du groupe destinée à mieux vendre leur album, ou bien une histoire vraie, toujours est-il qu'elle est très réussie. La conjonction du récit d'un fou et d'un récit de type folklorique, avec le Näcken comme source de tous les maux, produit un mélange détonnant, où l'on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Je ne sais pas si Cult of Luna a inventé cette histoire, ou si Holger Nilsson a réellement existé; je ne sais pas, dans le cas où Cult of Luna n'aurait rien inventé, si Holger Nilsson était fou, s'il a été victime de ses croyances superstitieuses, s'il a mêlé sa folie à ses croyances, ou s'il a vraiment vécu les choses telles qu'il les a racontées. Mais je sais que j'adore cette incertitude, et c'est ce mélange détonnant des réalités que, personnellement, j'appelle le merveilleux.