Un fait divers sanglant secoue l’industrie indienne
le 25/9/2008 à 17h52 par Juliette Tissot
Un PDG indien a été battu à mort, lundi, près de New Delhi, par des dizaines d'anciens employés qui avaient été licenciés. Le lendemain du drame, le ministre indien du Travail a déclaré que cette affaire devait "servir d’avertissement aux dirigeants". Retour sur une affaire qui a suscité la colère des chefs d’entreprise...
Lalit Kishore Chaudhary, 47 ans, dirigeait la filiale indienne de Oerlikon Graziano, un équipementier automobile italien, à Noida, une ville nouvelle près de New Delhi. Il avait licencié une centaine de salariés, il y a deux mois car ils avaient mis à sac des bureaux pour exiger des augmentations de salaire et des contrats à durée indéterminée.
Lundi, le chef d'entreprise avait convoqué certains d'entre eux pour tenter une conciliation. Il exigeait, entre autre, avant leur possible réintégration dans l'entreprise, une lettre d'excuses. La réunion a mal tourné. Les 150 salariés qui attendaient à l'extérieur ont entendu des cris. Ils sont entrés de force dans le bâtiment. Et de violentes bagarres ont commencé. LK Chaudhary a été battu à coups de barre de fer sur la tête. Il est mort pendant son transfert à l'hôpital. Et une quarantaine de personnes ont été blessées.
Tuer son patron est une façon terrifiante de régler des conflits sociaux. Mais le lendemain de ce drame très médiatisé, le ministre du Travail Oscar Fernandes a eu une réaction qui a suscité la polémique. Il a en effet qualifié cet acte de "leçon donnée au patron pour qu'ils traitent mieux leurs salariés". "Les travailleurs doivent être traités avec compassion. Ils ne doivent pas être poussés à bout, au point qu'ils fassent ce qui s'est passé à Noida", a t-il poursuivi. Il a été jusqu'à a expliqué que cela devait "servir d'avertissement aux cadres dirigeants", comme on a pu le lire dans toute la presse indienne.
Le milieu patronal n'a pas bien réagi à cet avertissement. La Chambre de commerce s'est dite sidérée par ces propos. Elle se demande comment le gouvernement indien peut encore espérer attirer des investisseurs si elle ne condamne pas un tel meurtre. Des chefs d'entreprise indiens ont dit que cette affaire allait salir la réputation du pays auprès des entreprises internationales. Face à ces réactions, le ministre du Travail s'est finalement longuement excusé hier. Il s'est dit "désolé" si ses propos avaient blessés des gens. "Je souhaite qu'il règne un climat de paix dans nos entreprises avec des ouvriers contents", a t-il expliqué aux journalistes. Il a ajouté que "rien ne justifiait un tel acte".
Et Kamal Nath, le ministre du Commerce a insisté sur le fait que "l'Inde était une destination accueillante pour les investisseurs". Noida, la ville nouvelle près de New Delhi où a eu lieu ce drame, est le siège d'autres antennes locales de sociétés étrangères, comme le japonais Honda. Il faut souligner qu'heureusement ce genre d'affaire au sein de l'entreprise est très rare.