Chaufferies

Apparemment, le mec de devant se décidait à avancer normalement. Je veux dire, l'on était au beau milieu de la nuit, presque au petit matin, il aurait donc était complètement stupide de s'en tenir à la limitation de vitesse des 50 km/h. Bien sûr, tous les tueurs de la route potentiels pensent comme moi. Seulement, à 4H30 du matin, l'on a souvent qu'une envie: être rentré le plus vite possible. Le fait de rester en un seul morceau devient secondaire, tout ce qui compte, c'est de pouvoir se fourrer sous les couvertures. Et fissa.
D'ordinaire, l'on croirait que les gens qui conduisent la nuit sont là pour une promenade de santé. Ou alors, les embouteillages leurs ont tellement sucé la moelle qu'ils s'imaginent pouvoir profiter de la route comme bon leur semble. Toujours est-il qu'ils se traînent comme des limaces sèches.
Avec ce type (mais était-ce même d'ailleurs une bonne femme, auquel cas, le miracle tient de la preuve réelle et tangible de l'existence de Dieu)
ça avançait bien. Je regarde l'aiguille du compteur kilométrique: un petit 70. Une bonne moyenne lorsque l'on roule la nuit et que l'on veut être sûr de ne pas se farcir la moitié des feux rouges.
Au moins, ça permettait de ne pas être à la traîne, de ne pas avoir à s'énerver sur l'enfoiré de devant qui ne daigne pas passer la vitesse supérieure, le tout en guettant la moindre occasion pour doubler.
C'était du tout bon, j'allais pouvoir me jeter dans mon plumard et prendre quelques heures de sommeil, tout juste suffisantes pour entamer la journée du lendemain. Je pensais aux rêves dont je n'allais plus me souvenir lorsque je m'aperçois que je m'approche dangereusement de la voiture de devant. Vachement vite, même. Effectivement, le feu est rouge, à croire que l'on ne peut pas toujours attraper la vague verte. Je freine, il n'y a plus que ça à faire. A croire qu'il faut savoir ralentir parfois, pour accélérer d'autant plus, avec plus de justesse, de hargne.
J'accélère pour la enième fois. Cette fois c'est la bonne. J'espère.