Néanmoins depuis une quinzaine d'années, nos gouvernants ont compris qu'il était devenu nécessaire "d'écouter" la jeunesse. C'est l'avènement du parler "djeunes". Pour être écouter, il faut parler comme eux, utiliser leurs codes. Tout cela sonne bien faux et les vraies questions, celles qui touchent au quotidien sont pour ainsi dire jamais traitées : quid de l'autonomie ? Quel accès au logement, à la santé, à l'emploi, aux études supérieures ?
L'initiative lancée récemment par Dominique Versini, Défenseur des enfants, à l’occasion des 20 ans de la Convention Internationale des droits de l’enfant, s'inscrit dans la droite ligne d'une absence de prise en compte réelle des aspirations de la jeunesse. De mai 2008 à novembre 2009, une consultation nationale ouverte aux moins de 18 ans sur de grands sujets de société touchant aux droits des jeunes a été ouverte par la Défenseur des enfants.
L'intention sur le papier est louable. Le ministère de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative s’associe à cette campagne afin de faciliter l’accès à ce grand débat pour l’ensemble de la jeunesse dans ses diverses composantes. Mais à y regarder de plus près, il y a vraiment de quoi sourire. Pour "savoir ce que pensent les jeunes", un forum Internet http://www.paroleauxjeunes.fr/, a été ouvert pour débattre de grand sujets (éducation, famille, justice, vie privée et un Internet, santé, violence, discriminations, expression et participation). Les propositions des jeunes issues du forum Internet seront ensuite étudiées (ou triées ?) et inscrites dans un Livre d’or remis officiellement au Président de la République et aux Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat lors d’un grand rendez-vous national à Paris le 20 novembre 2009.
Une initiative privée ? Publique ? On ne sait pas trop au final... Rappelons que Madame Versini, UMP, est une proche de Nicolas Sarkozy... Une candidate au poste de Fadela Amara ? Au-delà, je vous invite à aller faire un tour sur le forum, c'est croustillant. J'avoue ne pas vraiment reconnaître des "paroles de jeunes". Au-mieux, ce sont des premiers de la classe qui s'expriment, au pire, de faux jeunes.
Ce qui est étonnant dans cette démarche, c'est que l'on ait pas pensé à aller faire un tour sur les innombrables forums et blogs existants chez les jeunes. La parole y est généralement beaucoup plus libre, beaucoup plus authentique. Cette opération comme beaucoup d'autres, s'apparente à mon sens, à une pure opération de communication et rien d'autre.