Cette filiation très nette entre Courbet et Balthus m'est apparue lorsque j'ai découvert le portrait qu'avait fait Gustave Courbet de sa sœur Juliette. On y retrouve nombre de traits esthétiques des peintures de jeunes filles qui caractériseront l'œuvre de Balthus : visage figé, presque hiératique, posture et proportion étranges de la tête par rapport au buste, représentation presque naïve des traits du visage comme de la position du corps : signes pour les uns d'un manque manifeste de maîtrise technique, pour les autres d'un discours typiquement surréaliste, axé sur une forme de "désincarnation". La seule différence notoire est la pose tout à fait respectable dans ce portrait de Courbet alors que les jeunes filles de Balthus apparaissent, pour la plupart, dans des positions manifestement suggestives.
Il est très intéressant de noter comment Balthus a pu marquer mon inconscient au point d'émerger aussi
spontanément à la découverte de la toile de Courbet et non l'inverse. En regardant la Juliette de Courbet, c'est instantanément "les beaux jours" ou "Thérèse" qui m'ont été suggérés.La référence revendiquée de Balthus à Courbet est surtout connue dans son tableau la Montagne qui ferait explicitement référence aux Jeunes filles du village de Courbet.
Mais on pourrait aussi pousser la comparaison (et l'influence ?) entre les positions lascives caractéristiques des modèles féminins de Balthus avec celles de la Femme aux bas blancs de .... de Courbet.
Les deux peintres ont de toute façon en commun le fait d'utiliser un figuralisme correspondant aux techniques les plus classiques, sans toutefois y apporter un travail aussi approfondi que leurs contemporains, surtout pour bousculer les conventions bourgeoises, via les thèmes abordés et leurs sous-entendus.
Courbet : Portrait de Juliette (sœur de Courbet) - 1844.
Balthus : Thérèse rêvant - 1938.