L'utilisation de forts contrastes pour mettre en valeur la blancheur opaline de la peau féminine est un procédé maintes fois utilisé dans l'histoire de la peinture. Cela devient plus troublant quand, en l'espace de trois cents ans, deux peintres, sans que l'influence ne soit là encore formellement revendiquée pour le second, vont jusqu'à adopter avec leurs modèles féminins les mêmes recettes : portrait de pied avec un fond et un "habillement" d'une extrême sobriété.
Hélène Froment
, femme de Rubens d'un côté et la fameuse Mme X (femme de Pierre Gautreau) de Sargent de l'autre révèlent toutes deux à leur manière leur
sensualité. Hélène Froment incarne la rondeur, la volupté, le visage de face d'une femme qui assume sa nudité avec une mise en valeur presque provocatrice de la poitrine nue sous la pression d'un bras droit la rehaussant. Madame X quant à elle expose, via un découpage plus saillant de l'espace, un visage de profil qui semble fuir inexorablement tout observateur du tableau, un décolleté révélé dans toute sa pâleur, sans relief, par un bustier au noir profond et dessinant comme un grand cœur. Enfin, ce nez pointu légendaire et surtout la posture volontaire, droite, traduisant un caractère certain et accentuant cette distance que le modèle semble vouloir maintenir.
Ces deux formes de sensualité si différentes reposent pourtant sur des procédés picturaux très similaires et sont exemplaires par leur variation autour du noir, du brun et du blanc.