J'étais ce soir à la Maison de l'Amérique latine pour écouter Horacio Castellanos Moya parler de son œuvre et de son dernier roman, Là où vous ne serez pas, publié chez Les Allusifs comme ses précédents textes. Cet auteur du Salvador que je ne connaissais pas, que je n'avais jamais lu, m'a plu, par son humour plus que par les interrogations littéraires de ce soir. Ce genre d'événements ne permet hélas que très rarement de fouiller le fond d'une œuvre ou d'amener dans le temps et l'espace de la rencontre des questions intéressantes.
Je me suis tout d'abord aperçu que mon espagnol était bien rouillé aux articulations après quelques années remisé au placard. André Gabastou, le traducteur de Castellanos Moya, assurais en live la traduction des propos de l'auteur, mais son attention était quelque peu flottante au cours de la rencontre et on ne suivait que difficilement le jeu des questions-réponses entre l'auteur et Alexandre Fillon, critique littéraire de son état si j'ai bien tout compris.
Par ailleurs, cette rencontre m'a permis de remarquer combien un lecteur peut greffer à un auteur ses propres préoccupations au lieu de l'interroger et de découvrir ce qui fait sa singularité. Ainsi ce soir, avons-nous pu assister à un déballage d'ego, comme ce vieux con qui persistait à dire, ma bonne dame, que les jeunes ne lisent plus et que nous sommes envahis par les merdes américaines (je cite), bref, qu'il n'y a plus de saisons. J'avais honte pour lui et plaignais Castellanos Moya et son traducteur de devoir supporter un tel discours. Et on citait les banlieues, et on parlait de Sarcelles, et je me disais combien ce soir le lectorat se montrait provincial. L'inverse de la littérature.
Un auteur ne devrait jamais rencontrer ses lecteurs, il en apprend plus sur eux que sur lui-même et je me dis que parfois il préférait ne pas savoir qui le lit.
Pour en savoir plus sur l'auteur, lire Fausto et Anne-Sophie.