La dernière fois que la gauche a remporté une élection sur son programme et non sur l'échec du sortant (encore que, l'affaire des diamants), c'était en 1981.
Ca ne nous rajeunit pas tout ça...
A l'époque, le Parti Socialiste avait un programme, un truc qui pouvait laisser penser qu'après ne serait pas exactement comme avant (je suis obligé d'expliquer, les jeunes générations doivent
avoir du mal à croire qu'à un moment ce n'était pas la Commission européenne qui choisissait la couleur du papier peint. Je sais, j'exagère. A peine.) Ce programme comprenait 110 points, et entra
donc dans l'histoire comme les 110 propositions.
M'est venue l'idée de relire aujourd'hui ces 110 propositions. Pour voir. Pour me demander aussi, à chaque fois, si ça passerait la barre européenne. Avec l'idée de mesurer concrètement quelles
libertés nous avons perdues (oui, je sais, on a tellement gagné en puissance, dynamisme et solidarité avec l'Europe que ça valait vraiment la peine...)
Je pars du principe qu'il s'agit aussi, sur chacun des points, de revenir sur ce qu'a fait la gauche depuis, et de savoir où nous en sommes sous un gouvernement dont je n'oublie pas qu'il est de
droite (je n'en suis pas au point de soutenir que droite et gauche se valent).
Bref, j'entame une série de billets - habilement titrée les 110 propositions - reprenant ce programme. Je ne sais pas si je les prendrai toutes une par une ou par série, on verra.
En tout cas, ce qui est indiscutable c'est que je vais commencer par la première.
Cette proposition fait partie du premier titre du programme, "La paix, une France ouverte sur le monde."
Sur ce seul point, mon avis est que nous ne sommes plus ouverts sur le monde mais bien que nous sommes ouverts à l'Europe, ou refermés sur l'Europe, qui nous a réduits à bien peu
et semble constituer notre horizon ultime.
Premier sous-titre : Défense du droit et solidarité avec les peuples en lutte
La France s'est assise sur le droit international en reconnaissant le Kosovo (cf. un bon papier du Soir de Belgique), et ne semble plus guère solidaire que des banques en faillite.
Et donc, proposition 1 : "Exigence du retrait de troupes soviétiques de l’Afghanistan."
Je n'y peux rien, je n'ai pas fait exprès. Il se trouve que, depuis 1981, l'Union européenne (qui a impulsé et encouragé la participation de ses membres à la guerre afghane rénovée) a remplacé la
Russie d'alors - aux côtés des USA.
Il s'agit de lutter soi-disant contre le terrorisme. Je ne crois pas d'abord que l'on puisse guerroyer contre le terrorisme. Je n'oublie pas ensuite que les talibans ont été encouragés, à leurs
débuts, par les Etats-Unis, qui s'avèrent, depuis la guerre du Vietnam, incapables d'exercer autre chose que la force brutale à l'égard des peuples (cf. le très bon la guerre selon Charlie Wilson).
J'entendais Elie Barnavi soutenir à la fois qu'il faudrait à la fois être en Afghanistan tout en finançant la reconstruction du pays. D'une part c'est trop tard, d'autre part continuer à faire
confiance aux USA pour assurer la paix civile relève du jésuitisme le plus complet. C'est bien à Georges Bush que l'on donne feu vert pour agir en Afghanistan, pas aux Peace Corps...
Bref, il me semble que l'esprit de cette première proposition exigerait aussi que les Etats-Unis se retirent de l'Afghanistan, de même, bien évidemment, que les troupes françaises. Je retiens que
l'Union européenne, soumise à l'OTAN, ne nous oblige pas à être là bas, mais qu'elle rend notre retrait difficile.
Résultat :
Nombre de propositions vues : 1
Devenues impossibles du fait de l'Union européenne : 0
Difficile de trancher : 1
Autorisées par l'Union européenne : 0