LA POSSIBILITE D'UNE ILE ( de M.Houellebecq )
La possibilité d'une île, ça ne veut pas dire qu'en faire un film soit possible. Sauf si vous avez un égo boursouflé, que vous vous croyez ( à tort ) vrai grand romancier et (encore moins ) possible réalisateur. Michel Houellebecq pensait probablement être le seul à pouvoir porter à l'écran un si grand livre ( ironie, pour ceux qui ne savent pas lire ) et il s'y est donc collé. Au final, force est de constater qu'il aurait très bien pu s'abstenir. En puisant à pleines mains dans la métaphysique de comptoir ( c'est-à-dire dans la seconde partie de son navrant pavé ) MH nous propose un truc étrange, qui se voudrait le pendant français de 2001 odyssée de l'espace, mais ressemble plus à 2008 odyssée d'un écrivaillon. Heureusement, 1h25 ça reste assez court, autrement nous aurions pu parler de torture moderne.
Plus seul qu'aucun ermite ne l'a jamais été, Daniel25 (le 24ème descendant, par reproduction artificielle, du 1er des Daniel ; rien que ça suffit à éloigner 80% du public potentiel) vit avec son chien Fox dans une cellule souterraine préservée de toute contamination. Les images satellite qu'il reçoit sur ses écrans d'ordinateur lui retransmettent des visions d'une terre désertée. Il se consacre, comme ses prédécesseurs, à la rédaction d'un commentaire sur les événements qui ont conduit Daniel1 à prendre la tête d'une secte qui sera le fondement d'un nouveau culte, et d'une espèce qui survivra à l'espèce humaine. Prise de tête ce scénario ? Ce n'est rien comparé à ce qui vous attend une fois le film lancé...
En réalité, je demande à vous autres qui l'avez déjà vu, ( les autres s'abstenir ) mais que veut bien raconter MH dans ce film ? Les propos sont fumeux, et il se perd dans un verbiage lourd et redondant, dont le sens profond et caché ( mais alors, très bien caché ) peut sembler inaccessible à toute personne qui ne serait pas l'auteur lui-même. Une certaine attention est prêtée à l'image, à la mise en scène, mais bon, de jolis plans et de jolies couleurs, ça fait peu pour faire un long métrage, qui en plus se vautre parfois dans le kitsch total, quand il singe de récentes sorties ( The Fountain ) déjà assez décevantes à la base ; et abuse de musiques pompeuses et creuses. Benoît Magimel erre donc en vain, et personne ne s'attache ni ne s'attarde sur ce personnage seul. Mais alors ce projet, est-ce de l'ambition pure et dure, un certain autisme dont nous ne saurions percevoir le talent, ou simplement un caprice qui viendrait confirmer qu'on ne s'improvise pas cinéaste ou chanteur parce qu'on pense l'être et le mériter ? La possibilité d'une île, l'impossibilité de savoir. ( 3/10)
Du coup même le livre semble bon...