Sans regarder le temps qu’il fait à l’extérieur, mes pieds sont capables de vous dire la saison dans laquelle nous sommes. Oui, j’ai des pieds avec l’option baromètre. Non, ce n’est pas grâce à une aiguille qu’ils indiquent si nous sommes en été ou en hiver ; ce n’est pas non plus l’odeur qu’il s’en dégage qui indique la saison. Je suis une fille, que diable ! Et c’est bien connu, les filles, ça ne pue pas des pieds ! Même en espadrilles, une fille n’a pas les pieds qui sentent le rat mort…
Si mes orteils sont vernis, c’est que nous sommes en été. L’hiver, le vernis ne sert à rien : les orteils sont enfermés et, quand on veut faire du style en se vernissant les ongles, on s’aperçoit au bout de 24 heures que la moitié du vernis a pris la fuite. Donc, oui, pour être sexy du pied quand on a quelqu’un à qui les faire voir en hiver, on peut éventuellement les vernir, tout en sachant que ça ne tiendra pas bien longtemps…
Là, ça y est : plus de rouge aux ongles des pieds (non, en fait c’est du bordeaux ou du argent pétasseàfrange que j’ai mis !) ; l’été est bien terminé, plus de chaussures avec les orteils en éventail, plus de Minelli… C’est le retour du pied enfermé et de l’ongle naturel. Et c’est à ce moment là que le pied se rebelle : après avoir pris l’habitude de sa liberté estivale, l’enfermement dans une chaussure ne lui convient pas du tout… Du coup, il manifeste sa désapprobation en étant douloureux… Et le soir, en rentrant chez soi, c’est à la limite de la jouissance qu’on enlève ses chaussures…
D’ailleurs, c’est la première chose que je fais en rentrant chez moi. Je franchis la porte, je pose mon sac à main, mon cartable, le sac de ma fille, mon sac de pique-nique (oui, je suis toujours aussi peu chargée) et j’enlève mes chaussures… Et là… mmmmhhhh… Oh oui, c’est bon… Certes, je suis une dingue de chaussures à talons, mais j’apprécie au moins tout autant de les enlever, le soir. Et puis, histoire de ne pas rendre mes voisins dingues, il est préférable que ce soit la première chose que je fasse en retrouvant mon petit nid…
De toute façon, chez moi, je suis incapable de me balader autrement que pieds nus. Je n’ai jamais de pantoufles aux pieds ; éventuellement une paire de chaussettes en plein hiver, mais ça reste très rare. Pour me sentir bien, décontractée, j’ai besoin de sentir le sol sous mes pieds. D’ailleurs, chez les gens chez qui je me sens bien, je leur demande la permission de me déchausser…
Par contre, je dois avouer que je suis une bordélique de la chaussure. J’enlève mes chaussures à côté de la porte d’entrée pour les enfiler le lendemain en partant. Mais, je ne mets pas toujours la même paire que la veille… Donc, du coup, il arrive parfois que je me retrouve avec trois ou quatre paires de chaussures dans l’entrée. Le but du jeu, le matin, c’est de mettre les mêmes chaussures aux deux pieds… C’est à ce moment-là précisément que je me maudis de ne pas avoir rangé mes chaussures… Alors, du coup, je compense avec MiniBri en lui apprenant à ranger ses chaussures dès qu’elle les enlève… Mais, je ne sais pas pourquoi, je manque de crédibilité sur ce coup-là…
Par contre, au changement de saison, se pose un grave problème existentiel et capital : l’achat de nouvelles chaussures. Le choix est cornélien : il faut trouver la bonne paire dans laquelle on va se snetir bien et pouvoir rester toute la journée ; les chaussures dans lesquelles on va pouvoir arpenter la salle de classe en long, en large et en travers (je crois qu’il n’y a que le plafond qui n’a pas les traces de mes chaussures, dans mes salles) ; celles avec lesquelles on va pouvoir courir toute la journée de la maison à chez ma mère, de chez ma mère à Dinoland, de Dinoland à mon autre collège, de mon autre collège à l’école de MiniBri, de l’école de MiniBri à la maison.
Alors, aujourd’hui, MiniBri et moi sommes allées jouer les Cendrillon et essayer toutes les chaussures du département : résultat des courses, trois paires de chaussures pour ma fille et une paire pour moi ; ça ne fera que la quatrième paire pour cet hiver… et encore des chaussures à talons… Ca devient obsessionnel chez moi : j’étais partie pour me trouver une paire de chaussures plates, je rentre encore avec des talons… Mais, elles sont trop belles, elles réunissent tous les critères de sélection, donc, j’ai été obligée de les acheter. J’ai l’impression que plus je vieillis, plus je deviens une monomanique de la chaussure ; à moins que ce ne soit l’effet Carrie et Sex and the city…
Si, un jour, je suis atteinte de troubles de la mémoire, je n’aurais qu’à regarder mes pieds : si mes ongles sont vernis, nous sommes au printemps ou en été ; si je suis pieds nus, c’est que je suis chez moi ou chez une personne chez qui je me sens bien ; si il y a des talons, c’est qu’elles datent d’après la séparation d’avec le père de MiniBri.
Qui oserait encore me dire que les chaussures et les pieds ne sont pas révélateurs ?