Mathieu lui sourit. Jean retourne s’asseoir auprès de Marc. Marie berce Fleur en faisant doucement rouler le landau. Ils font quelques pas dans la nuit.
Silence. On entend l’eau, comme un soupir. Ils passent près du pont. Marie frissonne de nouveau. Oui, cette nuit d’août est bien fraîche.
Tu sais, ose Mathieu, j’ai beaucoup réfléchi. Elle pourrait être ma fille...
Le rire de Marie éclate comme une cascade joyeuse. Je sais à quoi tu penses. A notre biture de Noël... à tous ces mélanges bizarres qui nous avaient occupés toute la soirée, quand on attendait le reste de ta famille, qui n’est jamais venue... J’étais complètement bourrée, et toi aussi.
Oui, je te l’accorde, mais...
Mais ? Mais quoi, s’esclaffe encore Marie. On était bien trop chargé pour avoir la moindre chance de créer une étincelle de vie. Le mélange de nos haleines aurait pu faire exploser tout le quartier. Rappelle-toi comment ton père nous à retrouver...
Oui, sur le lit, tous les deux, à moitié...
Non, complètement saouls ! Coupe Marie.
Marie, arrête ! S’énerve un peu Mathieu. Pourquoi ne veux-tu pas accepter cette éventualité ? Pourquoi ne pas nous donner une chance ?
On se connaît depuis l’enfance.
Tu sais, je vais avoir une bonne situation, Fleur ne manquera de rien. Elle sera la plus heureuse des petites filles. Nous pourrons acheter la maison que tu aimais tant quand tu étais enfant, la grande maison aux volets bleus, avec les cœurs dedans. La maison devant laquelle nous nous sommes fait tant de promesses...
Les promesses sont passées, Mathieu, tu le sais aussi bien que moi. Non, tu ne pourras pas être le papa de Fleur. C’est techniquement impossible !
Comment cela, techniquement ? De Noël à août, cela peut faire le compte, n’est-ce pas ?