Le rêve brisé de Pierre Moscovici

Publié le 24 septembre 2008 par Hmoreigne

Le renouvellement générationnel attendra encore un peu à la tête du Parti Socialiste. Celui qui était censé l’incarner, Pierre Moscovici, isolé par des manœuvres d’appareil a fini, par se rallier au panache blanc de Bertrand Delanoë. Surprenant ou désespérant, c’est selon, quand on relève que le Maire de Paris bénéficie du soutien des Jospiniens, des Rocardiens et avec François Hollande de l’équipe sortante de la direction de la rue de Solférino.

A écouter ses amis, lundi Pierre Moscovici ne répondait déjà plus au téléphone. Un signe inquiétant qui laissait craindre le pire. Démarré en fanfare, le parcours de l’ancien ministre de Lionel Jospin et de ses amis s’achève en aventure personnelle au goût d’échec. Ce sera donc avec le maire de Paris, pour le pire et le meilleur.

Selon Libération, les Royalistes auraient pourtant proposé à Pierre Moscovici, la place de premier signataire de leur motion. Jusqu’au dernier moment, les cartes ont été battues et rebattues. Mardi matin Pierre Moscovici rencontrait  Bertrand Delanoë avant de s’entretenir avec les barons locaux  de la “Ligne claire” qui après l’avoir soutenu dans un premier temps ont finalement basculé vers Ségolène Royal. Ce n’est toutefois qu’au dernier instant que le député du Doubs a révélé son choix personnel.

Au fil des dernières semaines, les Français s’étaient habitués à découvrir avec un Pierre Moscovici omniprésent dans les médias, un nouveau visage du socialisme. Le paroxysme de la célébrité a été atteint lors de l’université d’été de La Rochelle mais pourrait-on dire dans la rubrique Faits divers. Des images aussi cruelles que parlantes  ont attesté de l’évincement du secrétaire national aux affaires internationales.

Cet épisode au goût de Saint Barthélemy a marqué un inexorable reflux et un effet domino dans les désaffections que « Mosco » n’aura réussi ni à stopper ni, à inverser.Son frère ennemi de l’ombre, Jean-Christophe Cambadèlis, qui n’avait jamais admis que Pierre Moscovici décide unilatéralement de partir dans la course au poste de Premier Secrétaire sort vainqueur d’une bataille au couteau qui fait en victime collatérale le courant Socialisme et Démocratie.

Faute d’avoir pu rassembler sur son nom, isolé,  Pierre Moscovici, tête basse revient donc dans le giron d’une Jospinie dont il avait essayé de s’affranchir.L’image de ces danses à quatre temps, de ces alliances contre-nature nationales et locales est désastreuse en interne et en externe pour le PS qui poursuit jusqu’au bout sa décomposition.

La déception est forte pour tous ceux qui voulaient croire possible une rénovation de la maison socialiste. Celle-ci et c’est bien le problème nécessite pourtant de porter un regard critique sur le bilan des années Hollande.

Sur le blog de Pierre Moscovici la seule indication à ce que certains raille comme sa « motion impossible » se résume à un lien vers une dépéche AFP faisant état de son ralliement au maire de Paris. En réponse de nombreux posts souvent désabusés. L’un d’eux résume assez bien le sentiment dominant chez les ex-partisans du député du Doubs. « Je ne suis pas socialiste (je n’ai même jamais voté PS…), mais Pierre Moscovici était le seul à me donner envie de réfléchir à mon prochain vote. Je ne pense pas qu’il trahisse ses convictions en se rapprochant de la motion de Bertrand Delanoë, même si fondamentalement, sa volonté de choisir un premier secrétaire non présidentiable est assez contradictoire avec ce choix. En même temps, quel choix avait il ? Se présenter tout seul ? Est ce que ça aurait fait avancer les choses ? Je pense que la vraie trahison, c’est celle de la ligne claire qui n’a pas osé assumer ses choix, et a finalement opté pour un autre clan… un choix pour le moins frileux ! Je suis déçu, triste pour cet homme que j’estime, et finalement inquiet pour le congrès à venir. »

D’autres, naturellement sont plus amers et épinglent le manque de courage de leur leader perdu. Comme le relève le blog du quotidien Le Monde consacré au congrès socialiste (Puzzle socialiste) c’est finalement comme toujours dans les propos de Jaurès que les militants tentent de trouver un peu de réconfort : “Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir “.