L'époque est au surréalisme. Après le cinéma et les nationalisations outre-atlantique, notre regrettable président, toujours soucieux de branchitude, a décidé de produire également quelques chefs d'oeuvre.
Ce grand artiste de la dérégulation plaide maintenant pour un capitalisme régulé...
Ainsi, après l'octroi du paquet fiscal, les diminutions d'impôts, la suppression de la TIPP flottante sur les carburants, le bouclier fiscal, la taxation d'objets usuels, l'abolition du code du travail, l'augmentation de la CSG sur les retraites, la persécution puis l'abandon sur le tas des chômeurs en mal de réinsertion, la dépénalisation des délits les plus communs des dirigeants d'entreprise, l'obsolescence de la culture, l'encouragement aux sarcasmes de son entourage sur une vision socialiste de la société, voilà ce grand ami des propriétaires de yachts qui se rend à New-York, mecque de sa religion néo-libérale, pour réclamer la tête de ceux qui ont fait dérailler le train du « toujours plus ».
On accusait son maître à penser Balladur de gouverner au jour le jour, Sarko gouverne d'heure en heure. Il sait trouver la télévision lorsqu'il veut s'adresser aux Français, mais il semble oublier que lesdits Français continuent à la regarder lorsqu'il s'adresse aux autres, ou bien il croit que ses amis la possèdent et la maîtrisent déjà au point que ses écarts et autres digressions et contresens seront rectifiés comme dans Le Meilleur des Mondes.
Voilà donc notre petit Don Quichotte à la Nouvelle York pour obtenir des instances qui ont subventionné son ascension au trône qu'ils mettent un peu d'ordre dans leur partie de poker.
Sûr que les titans de la finance vont trembler en voyant arriver ce justicier petitguignolesque, ce modèle réduit de superman qui escalade comme un écureuil qui a perdu ses noisettes le pupitre de l'association qui lui décerne le prix Elie Wiesel pour petits services rendus afin de réclamer leur tête à grands cris et qui va sans aucun doute récidiver ce soir à l'ONU.
Tout comme Poutine a tremblé de peur lorsque Superfrimeur est allé lui faire les gros yeux à propos de la Georgie.
Sa cuti a-t-elle viré? Le néo-libéralisme n'est-il plus sa religion? Sous l'implacable autorité du petit timonier tricolore, va-t-il devenir un système à visage humain? La vie est de plus en plus chère, mais qu'est ce qu'elle est drôle!
Car une crise comme celle que nous voyons, ce n'est pas de l'argent qui disparaît. L'argent ne disparaît pas. Il change de place. Il était sur la table, maintenant il est dessous. Un peu dans les tiroirs, un peu dans les manches de veston. Il en est de Wall Street comme des tables de poker, les gros joueurs se refont toujours, et ce sont les petits qui font tourner la baraque.
En tout cas, la situation à l'intérieur même de l'UMP devient passionnante. C'était déjà un panier de crabes, ça va devenir la cage aux lions. Car Nicolas en a obtenu les commandes en promettant de bétonner une France bien libérale, de dérouler des autoroutes aux entreprises, de reléguer la coûteuse et exigeante classe moyenne dans les banlieues du prolétariat, de créer des passe-droits, des niches, des sens uniques à la circulation de l'argent, et des étranglements dans les circuits de redistribution trop généreux.
C'est donc le clivage gauche-droite qui va se scinder en deux fractures: une à droite entre ultralibéraux et « droitistes sociaux » et une à gauche qui va creuser l'abîme entre démocrates-sociaux et anticapitalistes...
Ainsi, comme une rivière qui cherche son lit, le clivage gauche-droite va faire semblant de chercher sa place. Faire semblant car, comme je viens de le dire à propos des centristes, il retrouvera tôt ou tard ses positions traditionnelles. Mais après combien de péripéties dont nous ferons les frais?
A moins que les imprécations new-yorkaises de notre comique de service ne soient que comme le merveilleux fond de teint dont on nous fait à la télévision une luxueuse publicité:
« Le fond de teint qui ne se voit pas ».
Pourquoi en mettre, alors?