Titus - Tu es né au Yukon... Combien de temps y as-tu vécu et quels souvenirs gardes-tu de cette époque ?
James Alex Murdoch - En fait, je suis un "Yukonien" de la troisième génération, ce qui fait de moi un specimen (rires). Ma grand-mère y est née, ainsi que ma mère et moi. Mon grand-père a été premier ministre du Yukon dans les années 60 et 70. J'y ai vécu jusqu'à la fin de mes études secondaires et j'y effectue encore des visites régulières.
Titus - L'endroit où tu as grandi a-t-il fortement contribué à façonner le personnage que tu es devenu ?
Absolument ! Le Yukon est un formidable concentré de talents, surtout si l'on considère le nombre d'habitants. Cela m'a offert, très tôt, de nombreuses opportunités que les musiciens n'obtiennent en général que bien plus tard dans leur carrière.
En guise de mise en bouche, une chanson de son troisième album, "Between the lines", "Believe" :
Titus - Tu jouais, paraît-il, de deux instruments dès l'âge de six ans. L'environnement familial doit y être pour beaucoup, non ?
Titus - J'ai lu cependant que tu avais chanté sur une antenne nationale dès l'âge de huit ans... Ce n'est pas rien tout de même... Comment est-ce survenu ?
Un ami de la famille écrivait des chansons politiques à caractère satirique. Il s'était dit que ça pourrait être amusant de voir l'une de ses chansons interprétées par un enfant, et il n'avait pas tort. Ca a fait un carton et le morceau a squatté les ondes de Radio Canada à une certaine époque...
Titus - Tu me disais tout à l'heure avoir été un élève peu enthousiaste au début. A quel moment t'es-tu dit que tu pourrais en faire un métier ?
Titus - A l'âge de 20 ans, tu avais, paraît-il, déjà accumulé une multitude d'expériences musicales...
J'ai joué dans plusieurs formations au collège et au lycée. On répétait à chaque fois qu'on en avait l'opportunité. Je me souviens de séances marathon de pratiquement huit heures d'affilée et on n'avait jamais l'impression d'accomplir un travail. On adorait ça, un point c'est tout. Et de fait, on a réussi à faire de très nombreuses scènes, malgré nos jeunes âges. C'est ce à quoi je faisais allusion un peu plus tôt : le fait d'être au Yukon a beaucoup aidé; on nous a sans cesse donné la possibilité de nous représenter, et je ne suis pas certain que de telles opportunités se seraient offertes à nous dans une autre région du Canada.
La vidéo de "Break me down", extrait du troisième album de James Murdoch :
Titus - Pourquoi avoir décidé de déménager à Edmonton, en Alberta ?
J'avais d'abord vécu à Victoria, en Colombie britannique, un coin vraiment magnifique mais peut-être un peu trop cool à mon goût. J'avais un peu tendance à me laisser aller... Et à l'époque, la scène musicale était assez limitée, ce qui a d'ailleurs bien changé depuis ! J'avais un peu de famille à Edmonton et je savais que je pourrais y trouver du boulot; c'est ce qui m'a décidé à m'y installer, et je n'en ai pas bougé depuis !
Titus - Ton premier album, "Polyphonic", est sorti en 2001. Comment ce projet s'est-il mis en place ?
Titus - Trois ans plus tard, tu signais un contrat avec l'étiquette montréalaise Indica Records. Un virage important, non ?
C'est sûr ! C'est à partir de ce moment-là que je n'ai plus eu besoin d'avoir un boulot à côté ! Je vis donc depuis 2004 de ma musique...
Titus - Quels musiciens, notamment sur la scène canadienne, t'ont le plus marqué ?
Les Skydiggers fut l'un des premiers groupes connus avec lesquels j'ai joué au tout début de mon parcours. Ils ont eu une énorme influence sur moi et ma musique. Des années après, j'ai eu l'occasion de reprendre contact avec eux et même de composer quelques chansons avec certains musiciens du groupe. C'est génial de pouvoir bosser ainsi avec tes idoles. Je suis aussi, par ailleurs, un grand fan du groupe Blue Rodeo. Et plus récemment, j'ai découvert la musique de Jason Collett que j'adore. Tous ces musiciens sont canadiens !
Titus - Composes-tu la plupart de tes chansons ?
Titus - Tu parlais à l'instant de tes musiciens. As-tu en général une idée assez précise de ce que veux faire de tes chansons avant même de les leur présenter ou faites-vous évoluer les morceaux collectivement ?
Il fut un temps où j'écrivais la musique de A à Z et où je m'assurais que les musiciens interprètent mes morceaux exactement comme je le souhaitais. Je crois avoir évolué et mûri en tant qu'artiste. Mon ego s'est un peu dégonflé, sans doute, car je suis davantage à l'écoute des suggestions de mes musiciens aujourd'hui.
Titus - Ton quatrième album, "In Transit", est sorti l'an dernier au Canada. J'ai lu qu'il avait été enregistré dans le Nord de l'Ontario. Tu peux nous en dire un peu plus ?
Titus - J'aimerais que tu nous dises deux mots sur ta chanson "Transportation", qui a récemment fait l'objet d'un clip vidéo qui est en nomination pour les Western Canadian Music Awards...
Cette vidéo a été réalisée par Clinton Carew. Son idée était très bonne : il a décidé de filmer simultanément la même scène par une douzaine de caméras différentes : numérique, 8, 16 et 32 mm, etc. Toutes les images ont été réunies sur le même film, composant une sorte de collage ou de mosaïque vivante. Un machin un peu fou mais plutôt efficace !
La vidéo de Transportation, extrait de l'album In Transit :
Titus - As-tu une chanson favorite sur l'album ?
Titus - L'album "In Transit" a reçu des critiques élogieuses, est trois fois en nomination cette année pour les Western Canadian Music Awards. Es-tu satisfait de l'accueil réservé à ce disque ?
Ouais. C'est sûr que ça fait du bien. Je suis ravi parce que tout cela me permet aujourd'hui de poursuivre ma carrière...
Titus - Tu donnes beaucoup de concerts au Canada. As-tu déjà joué en Europe ?
J'ai déjà visité l'Europe, mais je n'ai hélas jamais joué là-bas. J'aimerais beaucoup ça et serais vraiment ravi de répondre à toute invitation. Une idée de tournée au printemps prochain en Europe me trotte dans la tête. Toute personne souhaitant m'aider à la mettre en oeuvre sera la bienvenue !
Titus - Tu as ouvert ton propre studio à Edmonton où tu produis plusieurs groupes. Une autre corde à ton arc ?
Oui, j'adore la production. Dès que je mets les pieds dans un studio, je me lâche ! La création n'a pas de limites.
Titus - La scène musicale de l'ouest du Canada est très dynamique et diversifiée. Peux-tu nous donner quelques exemples de groupes susceptibles de devenir des valeurs sûres ?
Titus - Rachelle Van Zanten, qui est aussi originaire de l'ouest canadien, est l'une de tes connaissances ?
Oui, elle a vécu un certain temps à Edmonton. La communauté des musiciens est un mouchoir de poche. On finit par tous se connaître...
Titus - Quels sont tes projets pour les prochains mois ? Travailles-tu déjà sur un nouvel album ?
Les Western Canadian Music Awards auront lieu dans quelques semaines. En attendant, je file sur Nashville pour quelques semaines afin de travailler sur de nouvelles chansons. Tout de suite après, nous rentrons en studio pour enregistrer le nouvel album que j'entends autoproduire.
James Murdoch live avec ses musiciens dans "Get what you deserve", extrait de l'album "In Transit" :
@ Propos recueillis par Titus (septembre 2008) - Photos : DR et Robyn Brandt.
Le site officiel de James Alex Murdoch.
Le site MySpace de l'artiste.
Le point de vue de Titus sur l'album In Transit.
LE YUKON, QUESACO ?
Le Yukon est un fleuve du Canada et des Etats-Unis qui se jette dans la mer de Béring (3.185 km). Il donne son nom à une division administrative de l'Alaska ainsi qu'à un territoire du Canada. Ce dernier couvre une superficie de plus de 482.515 km2 et ne compte que 30.372 habitants.