Je discutais il y a quelques jours avec mon neveu, architecte à Los Angeles, mis à mal par la crise des subprimes US et venu nous rendre une petite visite. Il nous disait que cette période l’avait amené à réfléchir sur la vacuité de beaucoup de ses dépenses de consommation et qu’il en arrivait à se demander si une vie finalement quasi-exclusivement partagée entre le travail et la consommation, cercle vicieux dans lequel l’un cherchait toujours à rattraper l’autre, était la solution la plus intelligente.
Je lui faisais part, de mon côté de l’imbécilité intrinsèque du “Travailler plus pour gagner plus” sarkozien, attrape-gogos qui avait bien fonctionné, qui signifiait en fait que les bénéfices éventuels de la croissance seraient dorénavant confisqués par les financiers, et qui se révélait chez nous comme une monumentale escroquerie, le niveau de vie des plus pauvres et maintenant des classes moyennes baissant irrémédiablement et pour vraisemblablement longtemps.
Je suis tombé, le lendemain, sur un entretien du Monde avec Ph. Moati relatant l’inquiétude des français sur leur pouvoir d’achat. Un passage m’a interpelé: “Les Français sont angoissés. Ils pensent que la situation ne peut que se détériorer, que le modèle des “trente glorieuses” est menacé par la mondialisation, que les acquis sociaux se réduisent. Ils ont l’impression de quitter un monde relativement rassurant pour entrer dans un univers plein de risques sur lequel le corps politique se révèle incapable d’agir. La charge est reportée sur l’individu qui a le sentiment de devoir assumer seul les conséquences de cette mutation”….
“Ils pensent…”, “Ils ont l’impression…”, “l’individu qui a le sentiment…”… Sont-ce les français qui pensent (et donc à tort) ou est-ce une réalité ? Toutes les données disponibles actuelles convergent pour montrer que ce ne sont ni des sentiments ni des impressions mais des réalités tangibles.
Heureusement, la fin de l’article m’a semblé nettement plus lucide, rejoignant ma conversation familiale: “Mais on assiste aussi à l’amorce d’une attitude plus critique d’un nombre encore réduit de “militants de l’économie du bonheur”. Ceux-là s’interrogent : travailler plus pour gagner et consommer plus ? Au final, est-on forcément plus heureux alors qu’on nous explique que ce surplus de consommation a des conséquences sur l’environnement et l’épuisement des ressources naturelles ? La crise actuelle pourrait amorcer un tournant et favoriser une réflexion sur le mieux consommer”.
Pierre Moscovici, aspirant “rénovateur” du PS qui, après avoir failli être adoubé par M. Guérini, rejoint F. Hollande (Le Monde). Pendant ce temps, Julien Dray rejoint, lui, Mme Royal et M. Guérini…Et le tout spontanément, sur des bases idéologiques comme le prouvent les négociations qui auront duré quelques heures… Ah la rénovation au PS..!
Au risque de passer pour archaïque auprès de ceux qui prêchent “l’adaptation aux réalités”, alors que j’espèrerai que nous les changions, je sais pour quelle motion j’aurai voté si j’étais resté au PS, et sans hésitations. Cf. Le Monde.