Si rien n'est donc totalement perdu pour les espoirs de continuation haussière, les doutes ont fait place un peu plus en cours de séance à des 'pointes' d'inquiétude sur le plan
financier mais aussi sur le terrain économique :
Quid du plan 'Paulson' ?
La grande question du moment concerne l'adoption par le Congrès du plan d'assainissement évoqué en fin de semaine dernière, présenté au Congrès Samedi et qui a été défendu par H.Paulson, le
patron du Trésor US et par B.Bernanké, le Président de la Fed, cet après-midi encore devant la Commission bancaire du Sénat.
Si l'adoption rapide semble le scénario le plus probable, quelques éléments pèsent sur le moral des investisseurs, hors détail des alinéas sur lesquels nous reviendrons. Tout d'abord, l'argument
principal pour son adoption se fondant sur l'urgence et la gravité de la situation donne une atmosphère toujours assez alarmiste à l'arrière-plan des marchés financiers ne
permettant pas encore de "souffler" véritablement, même à court terme.
Par ailleurs, la rapidité de la mise en place laisse quelques doutes sur la capacité des mesures à pouvoir réellement résoudre le problème. L'évocation du plan a fait suite à des
problèmes vitaux pour le système financier comme nous l'avons vu et ne semble pas avoir été un élément réfléchi mais plutôt pour parer au plus pressé.
Il apparaît ainsi pour beaucoup comme une réaction et non en tant qu'action délibérée. Des voix s'élèvent donc sur la qualité du diagnostic à la fois sur le terme même des
mesures proposées mais aussi et surtout sur l'évaluation des sommes nécessaires. De nombreux économistes ont mis en avant aujourd'hui leur doute sur la capacité de 700 Mds $ à résoudre un
problème qui est peut être plus important que cette somme.
L'économie toujours en dégradation :
En Europe particulièrement, après 6 séances tournées à 95 % vers les données purement bancaires et financières, les opérateurs ont pris connaissance d'éléments qui montrent les difficultés de
l'économie de l'Euroland :
- L'activité des secteurs des services et de l'industrie allemands s'est contractée ce mois-ci à 48,6 après 50,5 suivant une estimation de l'indice PMI composite des directeurs d'achat
de ces 2 secteurs. La première économie européenne plonge donc sous la barre des '50', limite entre l'expansion et la contraction de l'activité pour la première fois depuis janvier pour les
services, au plus bas en 5 ans pour l'industrie manufacturière et surtout à son plus bas niveau, en plus de 10 ans depuis la création de l'indice, pour les anticipations dans le secteur des
services (cette composante est même tombée sous les '40' à 38,7)
- pour la zone euro dans sa totalité, il s'agit de la 4ème baisse mensuelle d'affilée dans l'industrie et les services (estimations pour septembre)
:
. Indice PMI composite (services + industrie manufacturière ): 47 après 48,2
. indice PMI du secteur des services : 48,2 contre 48,5 en août
. indice PMI manufacturier : 45,3 après 47,6 (plus bas depuis octobre 2001)
Les affaires en cours enregistrent la chute la plus forte jamais enregistrée alors que les perspectives d'affaires sont au plus bas depuis le début de la tenue de cette statistique. Les prix sont
par contre un peu modérés avec la baisse des matières premières.
- en revanche, les commandes à l'industrie ont progressé de + 1 % le mois dernier et de + 1,6 % sur un an sur l'ensemble de la zone.
Après une baisse de - 0,2 % du PIB (Produit Intérieur Brut) de la zone au 2nd trimestre, ces éléments laissent craindre un second trimestre sous la ligne de
flottaison et donc un possible constat de 'récession'.
L'euro reperd ainsi du terrain contre la devise américaine au lendemain d'une séance historique qui aura vu l'euro passer hier en fin de
séance à plus de 1,4850 $ contre moins de 1,45 au plus bas, soit la plus forte hausse depuis la création de la devise pan-européenne, alors que le pétrole flambait littéralement. Celui-ci
toujours volatil, évolue entre 106 et 109 $ le baril en début de soirée.
Wall Street arrive difficilement à se maintenir dans le vert après une séance en baisse hier soir de - 3,28 % sur le Dow Jones qui vient de passer dans le rouge une heure après la clôture de
Paris (en baisse de - 1 % environ à 10 900 points peu après 19h)
Au-delà des contre-propositions au plan, évaluations des sommes nécessaires, débats et atermoiements divers pour sa mise en place, la
perspective assez peu 'lisible' que cela libère pour l'endettement des Etats-Unis met sous pression le marché des changes et le marché obligataire.
Sur le fond, le plan permet d'isoler les mauvaises dettes mais ne propose rien pour endiguer la spirale baissière des prix immobiliers qui taraudent les banques via les
hypothèques détenues sur les habitations financées et encore moins le problème à la racine constitué par des masses de crédits qui se sont empilées ces dernières
décennies et surtout ces dernières années. Tout au plus a-t-on un ripage de l'encours des 'crédits douteux et illiquides' de la sphère privée à la sphère publique.
Demain, nous prendrons connaissance des ventes dans l'immobilier ancien pour août.