Un petit post du dimanche

Bienvenue à tous. Je ne pensais pas créér à nouveau un blog, mais voilà… sur certains sujets, s’énerver tout seul dans son coin ne sert pas à grand chose (sauf peut-être à élever le niveau de stress). Alors autant s’énerver en compagnie :-)
Plus sérieusement, j’ai envie de speak up, comme on dit aux States.
Nous sommes en septembre 2008 et mon constat est qu’il n’y a en France qu’une seule opposition crédible : celle qui englobe la blogosphère (disons plus généralement les media alternatifs) et les associations. Tout se passe comme si la société civile se retrouvait en première ligne et assumait elle-même le rôle d’opposant. Le conflit politique est donc immédiat, c’est-à-dire que les intermédiaires consacrés par la tradition politique et culturelle depuis la fin du XIXe siècle pour assumer le rôle de contre-pouvoir - tel que défini par la doctrine classique de la séparation des pouvoirs - se sont désintégrés.
Enormité ? Exagération ? Le contre-pouvoir traditionnel principal est constitué par l’opposition politique constituée - lire représentée dans les chambres parlementaires. Sur ce point, la situation est désespérante. Le principal parti hors de la majorité gouvernementale, le parti socialiste, n’a sur le plan des idées aucun projet clair, sur le plan de l’alternance aucune politique à proposer en remplacement de celle du gouvernement, et sur le plan purement politique - celui des hommes - aucune crédibilité. On pourrait argumenter sur les raisons de cet état de fait, mais ce n’est pas le sujet de ce post. Le résultat est que le parti socialiste est absent et inaudible par les citoyens.
La prépondérance de l’opposition de gauche dans les assemblées régionales (où elle est largement majoritaire) est réelle, mais le fait est que cela n’induit qu’un obstacle négligeable aux menées du gouvernement.
Le second contre-pouvoir traditionnel se trouve chez les syndicats. Autre drame bien français, ces derniers se sont décrédibilisés pendant cinquante ans par un jusqu’au-boutisme stérile qui fait qu’alors même qu’ils sont aujourd’hui indispensables, ils ne sont même pas considérés par les citoyens comme un recours crédible pour les défendre.
Le troisième contre-pouvoir traditionnel, ce sont les organes de presse et plus généralement les media classiques. La sur-concentration des media, la mainmise de grands groupes privés qui ont bien d’autres intérêts (dans l’armement, la distribution, les travaux publics…) rendent ce contre-pouvoir peu crédible. Concernant la presse écrite, s’y ajoute la faiblesse de la diffusion - en comparaison de pays tels que l’Allemagne, le Japon ou le Royaume-Uni.
Alors où cela nous mène-t-il ? Dans une situation déséquilibrée qu’il est urgent de corriger en exigeant la séparation des media des intérêts économiques qui mettent à mal leur indépendance. Mais aussi en sanctuarisant le rôle d’opposition que jouent les blogs et en refusant les législations qu’on nous propose pour les mettre sous contrôle et les censurer. Reste enfin l’opposition politique, qui doit se prendre en main elle-même.

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